Le chef militaire du conseil de souveraineté au Soudan a annoncé lundi à la télévision la dissolution du gouvernement et a déclaré l’état d’urgence. Au moins trois manifestants opposés au coup d’Etat ont été tués et plus de 80 autres ont été blessés par des tirs de l’armée.
La rédac des @Observateurs apporte des détails (et des conseils) pour démêler les bonnes des fausses images autour du coup d'Etat au #Soudan #SUDAN_COUP 👇 ce soir sur l'antenne de @FRANCE24 https://t.co/ZkoAuDX0Ae
— Fatma Ben Hamad فاطمة (@BentHmad) October 25, 2021
« Trois manifestants » partisans d’un pouvoir civil ont été tués et « plus de 80 autres blessés » par des tirs de l’armée à Khartoum, a annoncé lundi un syndicat de médecins prodémocratie en plein coup d’Etat au Soudan.
La quasi-totalité des dirigeants civils des autorités de transition ont en outre été arrêtés par des militaires et le général Abdel Fattah al-Burhane, qui chapeautait les autorités de transition, a annoncé la dissolution du gouvernement et du Conseil de souveraineté.
.@sherwiebp in conversation with Ambassador Kingsley Mamabolo – former AU-UN Head of Mission to Sudan (Darfur). One of the highlights in the interview is his reaction to the coup in #Sudan.
— SITHOLEEXPRESS (@SthembisoMedia) October 25, 2021
The full interview will air on #SABCNews channel at 21:45. @peterndoro #TheGlobe pic.twitter.com/XmquOm5C2a
Etat d’urgence décrété
Ce dernier a indiqué qu’il formerait un nouveau gouvernement composé de « personnes compétentes ». Il a aussi décrété l’état d’urgence dans l’ensemble du pays, l’un des plus pauvres au monde.
🚨 URGENT 🚨 🇸🇩 Un coup d'État est en cours au #Soudan. Des hommes armés non identifiés ont arrêté plusieurs ministres à leur domicile. Internet est en partie coupé dans le pays. Des manifestations sont signalées à Khartoum. (agences) pic.twitter.com/Gs2jcQ6eh5
— asto officiel (@officialasto) October 25, 2021
Mais le militaire a réitéré son attachement à « la transition vers un Etat civil » et promis de créer les nombreuses institutions étatiques, comme la Cour suprême, qui auraient dû voir le jour il y a plusieurs mois, selon le calendrier de transition acté après le renversement de l’autocrate Omar el-Béchir. Le général a fait sa déclaration à la télévision d’Etat, qui avait été prise d’assaut auparavant.
Dans un pays où internet a été coupé et où les télécommunications sont de plus en plus aléatoires, seul un canal subsiste: des communiqués du ministère de l’Information mis en ligne sur Facebook.
« La plupart des ministres et les membres civils du Conseil de souveraineté ont été arrêtés » et ce, « par des forces militaires », a-t-il d’abord annoncé. Puis, a-t-il ajouté, « après qu’il a refusé de soutenir le coup d’Etat, des forces armées ont arrêté le Premier ministre Abdallah Hamdok et l’ont emmené vers un lieu non identifié ».
Au #Soudan l'armée bat avec de grands bâtons, même les femmes. Et ils le font à plusieurs.#sudanmilitarycoup #SudanUprising https://t.co/eJFofZ55lP
— hDes Allimes Hélène 🎗️ (@muzahara2) October 25, 2021
Manifestations massives à Khartoum contre un « coup d’Etat »
Dans les rues de Khartoum, où les réseaux sociaux ne sont plus accessibles pour beaucoup, de nombreux Soudanais se sont réunis et ont conspué le général Abdel Fattah al-Burhane. Ils ont fait face à des tirs de l’armée, qui ont tué trois personnes et qui en ont blessé plus de 80, selon un syndicat de médecins prodémocratie.
Le bureau du Premier ministre soudanais, aux mains de l’armée lundi matin, avait appelé dans un communiqué diffusé par le ministère de l’Information à « manifester » contre « un coup d’Etat ». « Nous appelons la population soudanaise à protester par tous les moyens pacifiques possibles », a indiqué le bureau de Premier ministre Abdallah Hamdok. L’Association des professionnels, l’un des fers de lance de la révolte de 2019, dénonçait de son côté « un coup d’Etat militaire ».
🔴#Sudan| brutal represión a las miles de personas que se levantan en contra el golpe de estado en #Khartoum, tras la detención del Primer ministro y los ministros.|#Soudan #SudanProtests #Sudanese pic.twitter.com/YeyB5UhsPE
— Puente Aereo (@PuenteAereo1) October 25, 2021
Inquiétudes internationales
Les Etats-Unis, dont l’émissaire était la veille encore dans le bureau du Premier ministre Abdallah Hamdok, aujourd’hui en détention, se sont dits « profondément inquiets ». Ces annonces d’une prise de pouvoir par les militaires vont « à l’encontre de la déclaration constitutionnelle » qui régit la transition dans le pays » et des aspirations démocratiques du peuple soudanais », a tweeté l’émissaire américain pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman.
La Commission européenne a de son côté appelé à la « libération rapide » des dirigeants civils du gouvernement et réclamé un rétablissement « urgent » des communications dans le pays. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a appelé sur Twitter la communauté internationale « à remettre la transition soudanaise sur les rails ».
Following with utmost concern ongoing events in #Sudan.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) October 25, 2021
The EU calls on all stakeholders and regional partners to put back on track the transition process.
Enfin, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a condamné « le coup d’Etat militaire en cours » au Soudan et réclamé la libération « immédiate » du Premier ministre Abdallah Hamdok.
I condemn the ongoing military coup in Sudan. Prime Minister Hamdok & all other officials must be released immediately. There must be full respect for the constitutional charter to protect the hard-won political transition. The UN will continue to stand with the people of Sudan.
— António Guterres (@antonioguterres) October 25, 2021
Une tension croissante
Le Soudan connaît une transition précaire entachée de divisions politiques et de luttes de pouvoir depuis que l’armée a poussé au départ l’ancien président Omar el-Béchir en avril 2019 après trois décennies de pouvoir sous la pression d’une énorme mobilisation populaire. Depuis août de la même année, le pays est dirigé par un Conseil de souveraineté composé pour moitié de civils et pour moitié de militaires.
Mais ces derniers jours, la tension est montée entre les deux camps. Le 16 octobre, des pro-armée ont planté leurs tentes devant le palais présidentiel où siègent les autorités de transition, partagées entre civils et militaires selon la transition qui devait s’achever en 2023. En réponse, le 21 octobre, des pro-civils sont descendus par dizaines de milliers dans les rues des différentes villes du pays, dans un joyeux festival pour, disaient-ils, « sauver » leur « révolution », le soulèvement qui a mis fin en 2019 à 30 années de dictature d’Omar el-Béchir.
Depuis, le sit-in des pro-armées a débordé ailleurs dans Khartoum. Dimanche matin, premier jour de la semaine, ils ont bloqué un des principaux ponts de la ville créant des embouteillages monstres. Et le soir, ils sont de nouveau ressortis, brûlant des pneus en travers de route.
World Opinions / Agences