La Mostra de Venise se referme sur un pied de nez du cinéaste Jafar Panahi au pouvoir iranien

Alors qu’il est emprisonné dans son pays depuis le mois de juillet, le cinéaste iranien Jafar Panahi a été très applaudi à la Mostra de Venise vendredi pour son dernier film, « Les ours n’existent pas », avec lequel il brave la censure et dénonce sa situation.

Malgré son incarcération dans son pays, le cinéaste iranien Jafar Panahi, âgé de 62 ans, ne baisse pas la garde. Son film Les ours n’existent pas, en lice pour le Lion d’Or à la 79e Mostra de Venise, est une dénonciation de l’oppression et un pied de nez à la censure iranienne. 

Dans ce film, véritable mise en abyme de sa propre situation, le réalisateur est omniprésent à l’écran dans un jeu de miroirs reflétant la complexité de sa situation : celle d’un créateur primé dans les plus grands festivals mais enfermé dans son propre pays. 

Jafar Panahi emprisonné depuis juillet

La projection réservée à la presse a été saluée par une salve d’applaudissements, destinée autant au film, qui croise plusieurs intrigues, qu’au cinéaste se mettant en scène dans son propre rôle, poursuivant son travail malgré les embûches et la tentation de fuir un pays où il est harcelé. Le film le montre dirigeant depuis un village d’Iran des acteurs, réfugiés en Turquie de l’autre côté de la frontière, via une application de visioconférence.

Alors que le pouvoir iranien et Panahi se livraient depuis des années à un subtil jeu du chat et de la souris qui permettait au cinéaste de continuer à tourner, la situation a pris un tour plus dramatique avec son emprisonnement en juillet pour « propagande contre le régime« .

« Libérez Jafar! » demande le directeur de la Mostra

Jafar Panahi a adressé la semaine dernière au festival une lettre cosignée avec son confrère Mohammad Rasoulof, lui aussi détenu, dans laquelle ils accusent Téhéran de considérer les cinéastes indépendants « comme des criminels« . « L’histoire du cinéma iranien témoigne de la présence constante et active de réalisateurs indépendants qui ont lutté contre la censure et pour garantir la survie de cet art. Parmi ceux-ci, certains se voient interdire de tourner des films, d’autres ont été contraints à l’exil ou réduits à l’isolement« , ont-ils dénoncé dans leur missive.

Le directeur de la Mostra, Alberto Barbera, a lui-même pris la plume pour prendre la défense du cinéaste. Dans une tribune intitulée Libérez Jafar!, il s’inquiète de son sort et craint « une dure punition »: « le régime s’est toujours opposé à lui de manière agressive et nous avons tous peur de ce qui va lui arriver« .

Jafar Panahi, qui a débuté sa carrière comme assistant d’Abbas Kiarostami, a remporté le Lion d’or à Venise en 2000 pour « Le cercle » et le Prix du scénario à Cannes en 2018 avec « Trois Visages », trois ans après l’Ours d’Or à Berlin pour « Taxi Téhéran ».

Un flashmob de soutien avec des membres du jury

Une autre manifestation de soutien s’est tenue sur le tapis rouge du palais du cinéma juste avant la projection officielle du film dans l’après-midi: un flashmob a réuni une centaine de personnes, au premier rang desquelles Alberto Barbera, la présidente du jury Julianne Moore ou encore la réalisatrice française Audrey Diwan, vainqueure du Lion d’or l’an dernier et jurée cette année.

Les participants brandissaient des pancartes demandant la libération des cinéastes détenus à travers le monde, dont bien évidemment les réalisateurs iraniens, mais aussi la productrice birmane Ma Aeint et la journaliste et productrice turque Cigdem Mater.

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