Manifestation massive à Mexico, où une réforme électorale inquiète

Des dizaines de milliers de personnes ont manifesté dimanche à Mexico contre une réforme électorale approuvée par le pouvoir. Ces changements menacent, selon l’opposition, l’Institut national électoral (INE) en charge d’organiser le prochain scrutin présidentiel prévu mi-2024.

Les manifestants vêtus de blanc et de rose (les couleurs de l’INE) se sont rassemblés sur la place centrale du Zocalo, la plus grande du Mexique, sous le slogan #On ne touche pas à mon vote.

Selon les autorités de la ville de Mexico, quelque 90’000 personnes ont participé à la manifestation, bien loin des 500’000 manifestants avancés par Marko Cortés, chef du Parti action nationale (PAN, droite), parti d’opposition. D’autres manifestations ont eu lieu à travers le pays.

L’INE est chargé d’administrer les bureaux de vote, d’envoyer les bulletins aux citoyens et de développer des programmes d’éducation civique.

"El INE no se toca" - "On ne touche pas à l'INE" - scandent les manifestants à Mexico. [Luis Cortes - REUTERS]« El INE no se toca » – « On ne touche pas à l’INE » – scandent les manifestants à Mexico. [Luis Cortes – REUTERS]

INE accusé d’avoir couvert des fraudes

Définitivement approuvée mercredi, la réforme électorale réduit le budget et les emplois à l’INE que le président de la République, Andrés Manuel López Obrador, accuse d’avoir couvert des fraudes dans le passé et de coûter cher aux finances publiques. Le dirigeant réclame sa dissolution depuis l’élection de 2006, qu’il avait perdue d’un cheveu (0,56%) contre le candidat de droite Felipe Calderón.

« Des éléments-clés (…) du système électoral mexicain qui a permis la rénovation pacifique et périodique des pouvoirs à travers le vote libre et secret peuvent courir le risque de se voir affectés », selon l’INE, qui craint une réduction de 85% du personnel.

Recours devant la Cour suprême

L’INE et les partis de l’opposition ont annoncé un recours contre la réforme devant les juges de la Cour suprême.

« Nous leur faisons confiance (…) pour préserver la vie démocratique du pays », a déclaré un orateur, José Ramon Cossio Diaz, lui-même ex-magistrat à la Cour suprême. Il accuse l’actuel président de vouloir « s’approprier le système électoral ».

La réforme « est un pas en arrière pour la démocratie », a déclaré Alejandro Rodriguez, un avocat de 61 ans, venu aussi « protester » contre le président de gauche. Sa politique « porte préjudice aux Mexicains », estime-t-il.

Derrière la défense de l'INE, c'est le président Andrés Manuel López Obrador qui est dans le viseur des protestataires. [REUTERS - Gustavo Graf]Derrière la défense de l’INE, c’est le président Andrés Manuel López Obrador qui est dans le viseur des protestataires. [REUTERS – Gustavo Graf]

Conflit politique

Adepte du clivage politique, Andrés Manuel López Obrador a qualifié ses adversaires de « corrompus » qui veulent revenir au pouvoir. Il a estimé que les manifestants défendaient également l’ex-secrétaire (ministre) de la Sécurité, Genaro Garcia Luna, qui vient d’être reconnu coupable de trafic de drogue par un tribunal aux Etats-Unis. Genaro Garcia Luna avait été ministre sous le président de droite Felipe Calderon entre 2006 et 2012.

« Ils viennent dire: on ne touche pas à l’INE, mais aussi ‘on ne touche pas à Garcia Luna’ et dans le fond: ‘on ne touche pas au régime corrompu et conservateur »‘, a déclaré mercredi Andrés Manuel López Obrador.

Le président, toujours populaire après plus de quatre ans de mandat, a annoncé une manifestation le 18 mars pour le 85e anniversaire de la nationalisation de la production et de l’exploitation du pétrole par son prédécesseur Lazaro Cardenas.

Andrés Manuel López Obrador a été élu président du Mexique en 2018 pour une durée de 6 ans. [Henry Romero - REUTERS]Andrés Manuel López Obrador a été élu président du Mexique en 2018 pour une durée de 6 ans. [Henry Romero – REUTERS]

Départ prévu par la Constitution

Elu en 2018, Andrés Manuel López Obrador quittera le pouvoir à l’issue de son mandat unique de six ans prévu par la Constitution.

Son ministre des Affaires étrangères Marcelo Ebrard et surtout la maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, tous deux du parti au pouvoir Morena, sont les favoris dans la course à la succession du président d’après les enquêtes d’opinion.

World Opinions – RTS info – AFP

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