États-Unis. First Republic : une nouvelle banque sauvée in extremis

La banque a été rachetée par le géant américain JP Morgan Chase. La fédération bancaire se satisfaite de cette reprise. Certains observateurs restent inquiets.

Un peu d’air frais, oui, mais pour combien de temps de répit ? Lundi 1er mai, la banque américaine First Republic a été reprise par JP Morgan Chase. Il n’en reste pas moins que cette nouvelle faillite intervient dans un contexte où plusieurs établissements bancaires ont été en proie à de grandes difficultés ces derniers mois. Bien accueillie, cette reprise n’élimine toutefois pas complètement les risques liés à une récession ou à la montée des taux d’intérêt.

« Toute faillite d’une banque est regrettable »; mais l’accord noué lundi « renforcera la confiance dans le système bancaire du pays », a affirmé le responsable de la fédération bancaire américaine ABA, Rob Nichols. Selon lui, il montre que le secteur a des ressources et que des procédures sont en place pour protéger les clients. Le patron de JPMorgan, Jamie Dimon, l’a aussi répété plusieurs fois lors d’une conférence avec des journalistes : le rachat de First Republic « va aider à stabiliser le système ». « Il est évident que si, à l’avenir, il y a des récessions, des hausses de taux et d’autres choses de ce genre, d’autres fissures pourront apparaître dans le système », a-t-il toutefois ajouté en pointant notamment du doigt les activités liées à l’immobilier commercial.

Le monde de la finance a été fortement ébranlé en mars par les faillites rapprochées de deux banques américaines, Silicon Valley Bank et Signature Bank, suivies par la chute de Credit Suisse en Europe. La déroute des établissements américains est liée à une mauvaise gestion des risques de la part de leur direction et à des erreurs dans leur supervision, ont conclu deux rapports publiés vendredi par des régulateurs bancaires.

Les hausses des taux d’intérêt en cause ?

Autre facteur pour expliquer leur chute, la rapide hausse des taux d’intérêt engagée en 2022 par la banque centrale américaine (Fed), qui a mécaniquement abaissé la valeur de leurs actifs à taux fixe. De nombreux clients de banques régionales ont pris peur, craignant que leur établissement ne flanche pour des raisons similaires, et retiré leur argent pour le placer dans des institutions plus grosses, considérées comme trop importantes pour ne pas être sauvées en cas de troubles.

Les résultats financiers publiés depuis mi-avril par plusieurs banques régionales ont montré que la fuite des dépôts s’était stabilisée après un mouvement de panique mi-mars. « Cela ne veut pas dire que tous les problèmes sont résolus », avance Mike Mayo de Wells Fargo en énumérant les risques liés à une récession, à l’immobilier commercial ou à la nécessité pour les banques d’emprunter à des taux élevés pour se financer. Mais il ne devrait pas y avoir « de sitôt » de nouvelles faillites parmi les banques incluses dans l’indice boursier de référence S&P 500, estime-t-il.

La probabilité de voir un établissement faire face à une panique bancaire semble s’être éloignée, les plus à risques étant déjà tombés, renchérit Philipp Schnabl, professeur de finances à New York University. Par contre, le fait que la hausse des taux d’intérêt abaisse la valorisation des actifs des banques, et par ricochet affecte leurs capacités à prêter aux entreprises, « reste une source d’inquiétudes », précise-t-il.

La menace de la récession

Dans la même veine, Clifford Rossi, professeur à l’université du Maryland, estime que le plus gros risque pour le secteur bancaire est la possibilité qu’une récession conduise à des défauts de remboursement de la part des clients des banques et incite ces dernières à prêter moins. Ce resserrement du crédit est plus problématique pour l’économie en général, pas forcément pour des banques en particulier, souligne-t-il. Il ne faut pas oublier que si la banque centrale américaine lutte contre l’inflation en relevant les taux, c’est bien pour « réduire les prêts accordés à l’économie », souligne Philipp Schnabl.

Lundi à Wall Street, si la plupart des grandes banques ont fini en hausse, des banques régionales ont perdu du terrain à l’instar de PacWest (- 10,6 %), Zions (- 3,7 %) ou Western Alliance (- 1,8 %). La crise bancaire a par ailleurs ravivé les appels à un durcissement des règles.

« J’ai demandé aux régulateurs de renforcer la réglementation et la surveillance des grandes banques et des banques régionales », a rappelé lundi Joe Biden. « Nous devons faire en sorte de ne pas nous retrouver à nouveau dans cette situation. » Le responsable de la Fed, chargée de la supervision des banques, Michael Barr, a toutefois souligné vendredi dans un rapport que si des ajustements en termes de liquidités et de niveaux de capitaux étaient souhaitables, ils prendraient probablement « des années » avant d’être mis en place.

World Opinions – AFP

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