Attaques informatiques et fausses nouvelles : quelle sécurité pour les élections allemandes ?

L’Allemagne se rend aux urnes le 26 septembre : Vu d’Allemagne revient sur le deuxième débat télévisé entre les trois candidat(e)s potentiel(le)s à la chancellerie et la sécurité des ces élections. L’ONG Avaaz met en garde contre les fausses nouvelles. En seconde partie de ce magazine : reportage dans une des vallées les plus polluées des Etats-Unis.

L’horloge tourne : moins de quinze jours encore avant les élections fédérales allemandes du 26 septembre. Dimanche dernier, le 12 septembre, les trois principales têtes de listes qui ont une chance de prendre les commandes de la chancellerie après le scrutin se sont retrouvés pour un second débat télévisé.  

Annalena Baerbock du parti des Verts, Armin Laschet, le conservateur de l’Union CDU-CSU et Olaf Scholz, le social-démocrate, du SPD ont débattu pendant plus d’une heure et demie. C’était le deuxième débat de ce genre depuis le début de la campagne. Il fût plus animé que le premier.  

Armin Laschet, le candidat des conservateurs, très mal en point dans les sondages, a tenté de déstabiliser et de décrédibiliser son adversaire des sociaux-démocrates. Il l’a fait en l’attaquant sur son bilan de ministre et vice-chancelier dans le gouvernement actuel, en dénonçant le fait qu’il n’exclut par une coalition avec l’extrême-gauche. Stratégie offensive, alors qu’Olaf Scholz est en tête des sondages.  

L’actuel vice-chancelier s’est défendu, a dit son attachement à l’Otan, au maintien de l’âge de départ à la retraite à 67 ans ou à des hausses d’impôts pour les plus riches.  

Au milieu, la candidate des Vertes, Annaleana Baerbock a tenté d’affirmer ses positions et ses idées, de se poser en experte des questions sur le changement climatique et de montrer que les deux autres candidats ne peuvent pas être à la hauteur des enjeux du moment. Elle l’a fait en parlant par exemple de la sortie du charbon qu’elle veut dès 2030, alors que ses deux principaux rivaux veulent garder la date de 2038.  

Le débat a été suivie par près de 11 millions de téléspectateurs. Et n’a pas beaucoup changé les sondages pour l’instant… Les sociaux-démocrates et Olaf Scholz sont toujours donnés en tête à plus de 25%, devant Armin Laschet de la CDU-CSU autour de 20% et les Verts à quelques 15%. Un dernier triel doit se tenir ce dimanche, le 19, avant le scrutin le 26 septembre.  

Annalena Baerbock visée par les fausses nouvelles 

L’ONG Avaaz vient de publier en Allemagne un rapport très documenté sur les fausses nouvelles dans cette campagne électorale. Premier enseignement : Annalena Baerbock, la candidate du parti des Verts, est la principale victime de ce phénomène. L’ONG estime que 56 % des adultes en Allemagne ont vu au moins une fausse nouvelle la concernant ces derniers mois. Ça fait 30 millions d’électeurs potentiels.  

On parle de photos sorties de leur contexte, de revendications politiques inventées, de déclarations qu’elle n’a jamais faites. « Dans sept cas de fausses nouvelles sur dix, c’est cette candidate qui est visée« , explique le rapport.  

Un exemple : on affirme qu’elle veut interdire les animaux de compagnie. Une info que beaucoup de personnes ont découvert dans les médias traditionnels. Ce n’est pas que ceux-ci n’ont pas vérifié leurs infos. Mais souvent, ils publient des articles pour expliquer qu’une info qui circule sur Internet est fausse… « Mais les titres des articles ne sont pas toujours clairs« , reproche l’ONG Avaaz.  

« Dans le cas des animaux par exemple, quand un journal titre « Annalena Baerbock : déteste-t-elle vraiment les chiens ? », cela peut créer de l’ambiguité, on ne reconnait pas directement qu’il s’agit d’une fake news », écrit Avaaz. Cela mène ainsi à des situations parfois compliquées pendant la campagne. « Hier encore, je faisais moi-même campagne et une vieille dame a parlé de ce sujet des animaux », racontait récemment Michael Kellner, directeur de campagne des Verts. « C’est une absurdité incroyable ! » 

Rôle des médias traditionnels 

« Les médias doivent parler de cette désinformation de manière responsable, la replacer dans un contexte plus large et expliquer comment elle fonctionne », insiste Avaaz. L’ONG plaide également pour que les plateformes telles que Facebook ou Twitter envoient des rectificatifs, des corrections à tous les gens qui ont vu des fausses nouvelles. « Elles peuvent le faire car elles savent exactement qui a vu quoi. »  

Des attaques multiples et bien organisées 

Avant ces élections, le danger ne vient pas seulement de cette désinformation. Car celle-ci est souvent une partie seulement cyberattaques à plusieurs niveaux. Il faut ajouter à ces campagnes, les attaques informatiques, pour mettre des systèmes de vote en panne par exemple.  

Des dangers bien réels auxquels n’échappe donc pas l’Allemagne. « Nous pouvons certainement voir l’intérêt de certains États à vouloir influencer les élections fédérales de cette année ; il y des preuves de tout cela », reconnaissait, il y a quelques semaines déjà Thomas Haldenwang, le président de l’Office fédéral pour la protection de la Constitution. 

Derrière ces attaques et ces campagnes de désinformation : des Etats parfois, on parle souvent de la Russie, ou des groupes avec des intérêts bien précis.  

Pour sécuriser le scrutin du 26 septembre, l’Allemagne agit sur plusieurs niveaux. Les autorités soutiennent des institutions diffusant des informations vérifiées. Des experts informatiques sont aussi mobilisés. Plusieurs centaines d’attaques contre des boites mails de députés ont été enregistrées déjà depuis le début de l’année.  Les personnels politiques ont ainsi reçu des formations et du soutien pour sécuriser leurs ordinateurs.  

En Allemagne, le vote se fait sur papier

Fausses nouvelles le jour du vote

Concernant le jour du vote : tout se fait encore sur papier en Allemagne. Il n’y a donc pas de risque de piratage des machines par exemple, comme on a beaucoup parlé aux Etats-Unis lors des dernières élections. La transmission des résultats depuis les bureaux vers les administrations qui compilent les résultats en fin de journée serait aussi sécurisée. « La transmission des résultats des élections ne se fait pas par internet, mais par un réseau séparé et crypté« , insiste Thomas Haldenwang. Le bon vieux téléphone fixe est aussi encore utilisé souvent pour ces transmissions. 

Les autorités se veulent donc rassurantes. Des équipes renforcées sont mobilisées et le seront jusqu’au vote. Des discussions avec les médias publics ont aussi eu lieu pour qu’ils soient très attentifs le jour du scrutin, et préviennent de fausses infos.  

Le responsable de l’organisation des élections expliquait récemment dans une interview au journal die Welt par exemple, qu’il était possible que l’information que les bureaux de vote ferment non pas à 18h, mais à 15h le jour du vote se propage sur Internet le 26 septembre prochain. Ce qui n’est absolument pas prévu. Il faudra donc que les médias publics jouent leur rôle et réagissent vite en expliquant que tout cela est faux si c’était le cas.  

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