En Espagne, des Syriens lancent le premier média créé par des réfugiés

Quatre journalistes syriens ont lancé, en avril, Baynana, premier média dirigé par des réfugiés en Espagne. Cette revue en ligne, en arabe et en espagnol, ambitionne de montrer « le bon visage des migrants » et d’apporter des informations utiles à cette population exilée.

En Espagne, un tout nouveau magazine numérique a été lancé le 7 avril : « Baynana » (en arabe, « Entre nous »), premier média dirigé par des réfugiés dans le pays.

À la tête de cette revue en ligne, publiée en arabe et en espagnol, quatre reporters : Mohammed, Ayham, Moussa et Okba, âgés de 22 à 39 ans, tous originaires de la ville de Deraa, dans le sud de la Syrie. 

L’objectif de ce média est de montrer « le bon visage des migrants ici en Espagne », explique Ayham al Ghareeb, 32 ans, qui est venu à Madrid avec sa femme et ses deux petites filles. 

« Success stories » et « informations utiles »

La part belle est ainsi donnée aux « success stories », comme celle d’Ashraf Kachach, un « youtuber » d’origine marocaine qui lutte contre l’islamophobie, celle de Malak Zungi, une Libanaise qui aide des réfugiés à se former comme chefs cuisiniers en Espagne, ou encore celle du footballeur marocain Youssef En-Nesyri, attaquant du FC Séville, l’une des meilleures équipes de football du pays.

Baynana a également pour ambition de fournir des « informations utiles » à la communauté arabophone en Espagne, forte d’environ un million d’âmes. Le public potentiel de cette revue est donc « très large », estime la journaliste espagnole Andrea Olea, coordinatrice du projet et chargée de traduire et d’adapter en espagnol les articles de ses quatre collègues syriens.

« Il n’y a pas beaucoup d’informations en arabe pour effectuer des formalités » dans le pays, comme obtenir un permis de résidence, explique Ayham al Ghareeb. Ce dernier précise par ailleurs qu’il y a du racisme en Espagne envers les migrants et les réfugiés, comme par exemple lors de la recherche d’un appartement.

« J’imaginais venir en Espagne en tant que touriste ou étudiant »

La vocation journalistique de l’équipe éditoriale s’est forgée durant le conflit en Syrie, leur ville d’origine Deraa étant l’épicentre d’où a démarré, en mars 2011, la révolte contre le régime de Bachar al-Assad.

« Quand la guerre a commencé, j’avais 12 ans, mais je savais très bien ce qui se passait, parce que beaucoup de gens sortaient pour manifester près de chez moi, à la mosquée », confie à l’AFP Okba Mohammed, le benjamin du groupe, qui s’est aguerri à partir de 2015 en filmant « des manifestations » et « des bombes » pour des médias locaux. Mohammed Subat indique, pour sa part, avoir collaboré, d’abord en Syrie, puis en Turquie, avec Syria TV, une chaîne d’opposition basée à Istanbul.

Leur exil les a conduits, début 2019, en Turquie, avant de s’envoler pour Madrid en mai de la même année grâce au Comité pour la protection des journalistes (CPJ), une ONG basée à New York.

L’Espagne était « mon pays préféré », dit Mohammed Subat, 31 ans, « parce que j’étais très intéressé par le football ». « Je n’imaginais pas venir ici en tant que réfugié ou migrant, j’imaginais venir en tant que touriste ou étudiant, mais la vie est ainsi faite », ajoute-t-il.

La vie dans le pays, « très sûre », s’est depuis organisée pour eux tant bien que mal. « Cela va faire deux ans que je suis en Espagne et je ne peux toujours pas voyager, ni voir ma famille », déplore tout de même Okba Mohammed, qui n’a pas vu ses proches, réfugiés en Jordanie, depuis 2014.

Au total, plus de 20 000 Syriens ont demandé l’asile en Espagne depuis 2011, selon la Commission espagnole d’Aide aux Réfugiés (CEAR).

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