Le musée de Gouda accueille, à partir de cette semaine, une exposition rendant hommage aux immigrés marocains de la première génération, signée par le photographe néerlando-marocain Khalid Amakran. Selon la radio néerlandaise NPO Radio 1, l’exposition «Bnadem» s’inspire des photos de Robert de Hartogh, qui a fait les portraits de jeunes travailleurs migrants marocains à partir des années 1970, en se rendant dans de nombreuses usines aux Pays-Bas.
Khalid Amakran voulait ainsi voir comment cette génération se porte aujourd’hui. «J’ai pensé qu’il était important de donner à cette génération une chance de se montrer telle qu’elle veut être vue et entendue», a-t-il. En photographiant, il a été confronté à ses propres préjugés. «J’ai toujours pensé que tous ces jeunes hommes étaient venus ici à un moment donné pour travailler très dur afin de gagner de l’argent pour leur famille au Maroc. Mais il y avait aussi quelqu’un qui disait : « Je ne suis pas venu ici pour travailler. Je suis venu ici en tant que routard, et je suis resté ». Je ne m’attendais pas à cela», a confié le photographe néerlando-marocain.
Celui-ci a raconté que son père est venu Pays-Bas et a fini par rejoindre une compagnie maritime. «Il a commencé à peindre des bateaux, puis a rejoint la RET, une société de transport public de Rotterdam. Mais ce que j’ai trouvé très intéressant, c’est quand j’ai demandé à ma mère : quand tu es arrivée ici, comment as-tu ressenti le fait d’être confrontée à de nouvelles réalités ? Elle m’a répondu : « Pour moi, c’était comme si je n’avais jamais vécu ailleurs. C’était tout de suite chez moi »».
Khalid Amakran dit reconnaître cette expérience chez plusieurs Néerlandais d’origine marocaine. «Tout le monde les appelle travailleurs migrants ou travailleurs invités, mais ils ne fournissent pas de main-d’œuvre depuis longtemps. Ils ont toujours leur passeport marocain. Ils auraient également pu choisir de rentrer au Maroc et de toucher leur pension, mais ils ont choisi de rester ici. Pour beaucoup de Marocains, les Pays-Bas sont restés leur patrie», explique-t-il.
Les personnes qui ont participé au projet ont déjà pu voir les photos au musée. Amakran en a vu certains s’émouvoir. Selon lui, il s’agit d’une sorte de reconnaissance pour le travail qu’ils ont accompli et la contribution qu’ils ont apportée à la société néerlandaise. «Des sacrifices ont été faits», a-t-il insisté.
World Opinions – yabiladi.com