La Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala, 66 ans, a été nommée lundi à la tête de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), dans l’espoir de mettre fin à des années de blocage de l’institution. Elle est la première femme et la première Africaine à occuper ce poste.
« Les membres de l’OMC viennent d’accepter de nommer la Dr Ngozi Okonjo-Iweala comme prochain directeur général de l’OMC. La décision a été prise par consensus lors d’une réunion spéciale du Conseil général de l’organisation aujourd’hui », a annoncé l’OMC, une quinzaine de minutes après l’ouverture de la réunion. La Nigériane prendra ses fonctions le 1er mars et son mandat, renouvelable, expirera le 31 août 2025.
Congratulations @NOIweala!
— Ursula von der Leyen (@vonderleyen) February 15, 2021
This is an historic moment for the entire world. I'm so glad to see a woman from Africa at the head of the @WTO.
Europe is fully behind you.
We support the reform of the WTO and will help you protect the rules-based multilateral trading system.
« Je suis honorée », a affirmé Ngozi Okonjo-Iweala après son élection. « Notre organisation est confrontée à de nombreux défis importants », a-t-elle insisté, avant d’appeler à une remise en marche de l’OMC, jugeant « essentiel » que l’institution soit « forte » pour surmonter la pandémie de Covid-19 et relancer l’économie mondiale.
La pandémie a justement mis à nu les fractures provoquées par la libéralisation du commerce mondial, de la trop grande dépendance à des chaînes de production éparpillées, aux excès de la délocalisation industrielle ou la fragilité des échanges commerciaux.
Des études aux Etats-Unis
Deux fois ministre des Finances et cheffe de la diplomatie du Nigeria durant deux mois, Ngozi Okonjo-Iweala a commencé sa carrière à la Banque mondiale en 1982, où elle a travaillé pendant 25 ans. En 2012, elle échoue à devenir la présidente de cette institution financière, face à l’Américano-Coréen Jim Yong Kim.
Si les statuts de l’OMC ne prévoient pas de rotation géographique pour le directeur général, des voix se sont élevées pour dire que c’était au tour d’un Africain ou d’une Africaine d’occuper le poste. Depuis sa création en 1995, l’OMC a été dirigée par six hommes: trois Européens, un Néo-Zélandais, un Thaïlandais et un Brésilien.
Souvent surnommée « Dr Ngozi », Ngozi Okonjo-Iweala est née en 1954 à Ogwashi Ukwu, dans l’Etat fédéral du Delta (ouest du Nigeria). Son père est un chef traditionnel. La candidate a cependant passé la majorité de sa vie aux Etats-Unis, où elle a étudié dans deux universités prestigieuses, le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard.
Si son parcours universitaire et professionnel impressionne, la Dr Ngozi a aussi ses détracteurs, qui lui reprochent notamment de ne pas avoir fait davantage pour endiguer la corruption quand elle était à la tête des finances du pays le plus peuplé du continent africain.
Un long processus
Le processus de désignation d’un successeur au Brésilien Roberto Azevedo, parti un an avant la fin de son mandat pour raisons familiales, était dans l’impasse depuis l’automne. La nomination de Ngozi Okonjo-Iweala à la tête de l’OMC, institution quasi paralysée qui n’arrive plus à remplir sa mission, était attendue, après le retrait de la course le 5 février de sa seule autre rivale, la ministre sud-coréenne du commerce Yoo Myung-hee.
Cette dernière avait pris sa décision, après avoir consulté les Etats-Unis, qui sous Donald Trump, étaient son principal soutien. Après plusieurs mois de paralysie, l’administration Biden a préféré lever le principal obstacle à la nomination de la Nigériane, en apportant « son soutien appuyé » à la candidature de la Nigériane.
World Opinions Eco / afp