Cet été, nos chroniqueurs reviennent sur un moment musical qui les a marqués. Aujourd’hui, le « black album » du groupe californien, paru en 1991.
Année 1991, grand millésime pour le rock « dur ». Trois groupes américains dominent, dans un déluge de guitares électriques, les classements des meilleures ventes de disques dans le monde : mi-août, les thrashers de la Côte ouest américaine Metallica sortent un disque sans titre, surnommé « black album », en raison de sa pochette ; les sulfureux hard-rockers de Guns N’ Roses suivent, mi-septembre, avec leur doublé Use your Illusion I et II ; à la fin de ce même mois, le trio grunge Nirvana présente Nevermind. Tous sont devenus des classiques, parmi les albums les plus vendus de l’histoire.
C’est l’année de mes 14 ans, âge paraît-il charnière pour se forger une identité musicale.Le support physique du CD est alors à son apogée, Internet n’a pas encore bouleversé la donne. La très influente chaîne musicale américaine MTV diffuse en boucle les premiers vidéoclips tirés de ces albums, Smells Like Teen Spirit, de Nirvana, le slow Don’t Cry,de Guns N’ Roses et Enter Sandman, de Metallica. Ce dernier titre m’interpelle : la vidéo dépeint un cauchemar éveillé, hanté par un vieillard aux rides excessivement marquées ; les musiciens ont des cheveux longs et sont habillés en noir ; la colère qu’exprime le chanteur et guitariste James Hetfield contraste au milieu d’un paysage audiovisuel consensuel.
Riff dévastateurPour beaucoup de jeunes de ma génération, ce cinquième album studio du groupe, produit par le controversé Bob Rock (Bon Jovi, Mötley Crüe), est la porte d’entrée dans le monde du metal. Adolescent féru de rock, je ne rate alors jamais l’émission culte du samedi soir sur MTV « Headbangers Ball », où sont diffusées les dernières nouveautés.
Par Franck Colombani – lemonde.fr