Le groupe écossais, qui compte parmi les formations majeures du rock anglo-saxon, a profité du confinement pour concevoir un album dense et harmonieux. L’œuvre en question s’intitule « As the Love Continues » et ce n’est sans doute pas un hasard.
L’époque actuelle est cruelle pour les artistes. Mais elle leur inspire parfois leur œuvre la plus limpide. C’est le cas de Mogwai, dont la dernière production s’avère à la fois la plus solaire et la plus mélancolique. Un nouveau coup de maître pour un groupe qui poursuit un parcours sans faute depuis ses débuts.
C’est un album classique de Mogwai à plusieurs égards. Je ne dis pas cela en nous vantant, mais il réunit tout ce qui fait l’ADN sonore du groupe.Stuart Braithwaite, guitariste de Mogwai
Bref retour en arrière: au milieu des années 1990, le grunge s’impose comme le futur du rock, avec des groupes comme Pearl Jam ou Soundgarden. Face à ce rock inspiré par le punk et le heavy metal, des formations comme Mogwai créent un son plus ample, plus dynamique, basé sur de forts contrastes entre des montées harmoniques et des choeurs de larsens.
La spécificité des Ecossais, c’est la discrétion voire l’anonymat qui les entoure. Pas de porte-voix officiel, pas de chanteur désigné dans le groupe. Difficile de mettre en avant un musicien plutôt qu’un autre, même si le guitariste Stuart Braithwaite est présenté parfois comme le leader de la formation écossaise. D’ailleurs, Mogwai mise principalement sur des compositions strictement instrumentales.
C’est simplement que cela convient mieux à notre musique, à notre son, à sa dynamique.Stuart Braithwaite, guitariste de Mogwai
>> A voir, le clip « Ritchie Sacramento » de Mogwai:
Un cérémonie musicale
La puissance du rock de Mogwai se révèle avant tout dans les concerts du groupe. Les Ecossais proposent une vraie cérémonie musicale, transformant le club le plus banal en cathédrale gothique. La construction des morceaux en strates musicales permet au groupe de jouer volontiers sur une succession de climax et d’anticlimax. Des montées et des descentes souvent mises en lumière grâce à de savants éclairages lasers.
Cette puissance évocatrice de Mogwai n’a pas échappé aux cinéastes qui ont souvent collaboré avec le groupe écossais. Parmi eux, le cinéaste Darren Aronofsky pour son film « The Fountain » ou l’artiste contemporain Douglas Gordon qui a demandé à Mogwai d’illustrer sonorement son documentaire culte « Zidane, un portrait du 21e siècle ».
Le lyrisme et le dynamisme du rock de Mogwai expliquent l’attrait exercé par le groupe auprès des cinéastes, mais aussi des vidéastes qui cultivent les crescendos du groupe, portes à un imaginaire visionnaire.
Par Michel Masserey – RTS Culture