Dave Gahan et Martin Gore reviennent avec un quinzième opus, sorti le 24 mars, qui sonne comme un hommage à feu Andy Fletcher, troisième membre de Depeche Mode. La critique anglo-saxonne salue une œuvre puissante et dense, qui rappelle les débuts du mythique groupe, aux confluences de l’électro et de la new wave.
De trio emblématique, Depeche Mode est devenu duo. Après la disparition soudaine d’Andy Fletcher, en mai dernier, Dave Gahan et Martin Gore reviennent avec un quinzième album marqué par le deuil. Salué par la critique, Memento Mori, sorti le 24 mars, “interroge notre mortalité à travers des textes profonds et une grâce caractéristiques”, estime Rolling Stone.
La revue spécialisée américaine note que le duo approche cette fois Thanatos avec une sagesse remarquable : “Tout l’album est teinté par cette conscience de notre finitude, pourtant Memento Mori n’est jamais pesant ni maussade. Certains titres sont même étonnamment enlevés.”
Ce thème si présent depuis leurs débuts est abordé ici avec sérénité, analyse The Independent, jugeant que “si le deuil résonne profondément dans cet album, l’impression qui domine est celle d’un apaisement”.
Obsédé par la mort
Et le quotidien britannique de noter que le groupe mythique opère dans le même temps un retour aux sources avec des sonorités qui rappellent leur éclosion dans la scène new wave de l’Angleterre des années 1980. “Débarrassés du superflu, les textes et l’instrumentation donnent à chaque titre l’impression d’inspirer une grande bouffée d’air frais et vivifiant.”
Un constat partagé par The New York Times, qui brosse le portrait des deux musiciens, signant un disque où comme toujours “le son est oraculaire et tranchant, sardonique et néanmoins touchant”.
La Faucheuse a toujours rôdé dans leur œuvre, rappelle à son tour le quotidien américain, mais elle résonne autrement dans Memento Mori.
“Obsédés par la mort, même pour du Depeche Mode, les textes sont littéralement hantés par des fantômes, des anges et des couronnes mortuaires.”
Une “étrangeté revigorante”
Préparé avant le décès de leur claviériste, Andy Fletcher, qui fut le ciment du groupe, Memento Mori a été pensé dès le début comme une contemplation sépulcrale. Martin Gore explique au quotidien qu’il était “préoccupé par sa propre mortalité à l’heure où le Covid 19 faisait des ravages dans la population mondiale” et sait que l’album prend une tout autre résonance depuis la disparition de son ami de jeunesse.
Le deuil a, selon Dave Gahan et Martin Gore, “engendré une intimité inédite entre les membres du groupe en quarante ans”. Dave Gahan affirme ainsi au New York Times que le décès les a forcés à changer, mais que Depeche Mode “a toujours survécu en évoluant”.
“Élégant adieu à Fletcher”, Memento Mori met donc en lumière le groupe sous son meilleur jour, tranche ainsi The Observer. Selon l’hebdomadaire britannique, les morceaux font montre de “chaleur” avec des mélodies délicates et d’une “étrangeté revigorante”, pour une méditation sur la mort “à la fois précise et puissante”.
Par Oumeïma Nechi – Courrier International