La polémique sur l’interdiction des prières des Tarawih s’est invitée dans la soirée du premier jour du Ramadan. Une marche de protestation à Tanger et des déclarations d’un membre d’Al Adll wal Ihsane ont marqué l’opposition contre la mesure gouvernementale.
Une fois de plus, les villes du nord prennent la tête de la contestation contre la fermeture des mosquées pour les prières du soir. Le scénario de l’année dernière se répète. Hier soir à Tanger, des habitants ont organisé une marche de protestation, exigeant la réouverture des lieux du culte et ce, en flagrante violation des dispositions sanitaires prises par le gouvernement d’El Othmani.
Parallèlement à cette colère, le quartier El Jirari de la capitale de Détroit a connu l’arrestation, par les forces publiques, d’une dizaine de fidèles ayant prié devant des mosquées fermées, rapporte le site Tanja24. Cette manifestation de colère des habitants a été précédée, au sortir de la prière du vendredi 9 avril, par une autre tenue dans le quartier Bir Chifa portant la même revendication.
La ville de M’Diq a également rejoint la contestation, mardi soir. Des dizaines de jeunes ont battu le pavé pour réclamer le droit d’accomplir des Tarawih, indique le média Press Tetouan.
Cheikh Abou Naïm observe un silence religieux
Ces manifestations populaires ont enregistré le soutien de Mohamed Hamdaoui, membre du conseil de guidance d’Al Adl wal Ihsane. Il a qualifié la mesure de l’exécutif d’«attaque directe contre l’islam et d’attaque systématique contre la religion des Marocains». Pour sa part, le salafiste Hassan Kettani a préféré exprimer son opposition à la décision gouvernementale en ripostant au président du conseil des oulémas de Skhirate-Témara, Lahcen Sguenfle, qui a invité les fidèles à accomplir les Tarawih chez eux.
Force est de constater que le grand absent de ce débat n’est autre que le très controversé cheikh Abou Naim, qui a préféré pour l’heure, observer un silence. En avril 2020, il avait été condamné à un an de prison ferme et une amende de 2 000 dirhams pour avoir dénoncé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux la fermeture des mosquées décrétée par le gouvernement suite à une fatwa du Conseil supérieur des ouléma, présidé par le roi Mohammed VI. Il était poursuivi notamment pour «incitation à la haine et menaces à l’égard des citoyennes et des citoyens» et «excommunication de l’Etat et de ses institutions».
Au-delà de cette polémique sur les Tarawih et ses calculs politiciens, il est lieu de signaler que le Maroc ne constitue pas l’exception dans le monde arabe. D’autres pays de la Ligue arabe ont pris la même décision, à savoir Oman, la Jordanie, la Tunisie et le Qatar. La Turquie d’Erdogan a également opté pour le même choix mais sans soulever des cris de protestations ou de colère.
Quant aux autres pays, dont l’Arabie saoudite, l’Algérie et l’Egypte, ils ont autorisé les Tarawih mais sous certaines conditions. Outre les traditionnelles dispositions sanitaires pour faire face à la propagation du Covid-19, ces Etats ont recommandé aux imams de ne pas dépasser 30 minutes dans l’accomplissement des prières d’El Icha et des Tarawih.
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