Avec le nouveau Pacte sur la migration et l’asile présenté mercredi à Bruxelles, l’Union européenne (UE) veut en finir avec les dysfonctionnements actuels. Elle défend un mécanisme de solidarité obligatoire et des procédures améliorées.
Cinq ans après la crise migratoire, Bruxelles empoigne enfin l’épineux dossier de la migration et de l’asile en proposant un nouveau Pacte européen sur la migration et l’asile, qui doit remplacer le règlement de Dublin. Il est temps de mettre en place un système de gestion de la migration prévisible et fiable, annonce la Commission mercredi.
« Nous proposons aujourd’hui une solution européenne pour rétablir la confiance entre les Etats-membres et restaurer la confiance des citoyens sur notre capacité à gérer la migration en tant qu’Union », a déclaré en préambule la présidente Ursula von der Leyen, tandis que Margaritis Schinas, vice-président chargé des migrations et de la promotion du mode de vie européen, a souligné le signal fort que représente l’incendie du camp de Moria. « Il est temps de se rassembler autour d’une politique européenne commune », a insisté le Grec.
Une politique de retours prévue
Concrètement, le Pacte présenté mercredi prévoit d’améliorer et d’accélérer les procédures d’asile, selon un principe de solidarité et de responsabilité partagées. « Ces propositions permettront une gestion transparente, équitable et rapide qui permettra d’éviter que des gens attendent dans l’incertitude », a souligné la commissaire aux Affaires intérieures, Ylva Johansson.
Dans cet objectif, la Commission propose de mettre en place une procédure d’entrée unifiée pour identifier les personnes arrivées illégalement et/ou débarquées après une opération de sauvetage en mer. Des examens de santé et de sécurité sont aussi prévus. Tout cela dans le but de pouvoir aiguiller au plus vite les nouveaux entrants vers la procédure la plus adaptée à leur situation: une procédure d’asile pour ceux et celles qui a priori peuvent y prétendre ou à l’inverse une procédure de renvoi pour les autres.
Bruxelles prévoit ainsi de renforcer la collaboration avec les Etats tiers pour faciliter les retours des personnes qui n’ont pas droit à l’asile sur territoire européen. Le ton sera également durci contre les passeurs et des voies d’accès légal à l’UE seront développées à travers un programme appelé « Talent Partnership » afin d’encourager l’immigration de certains types de profil dont l’Europe a besoin.
Un mécanisme de solidarité obligatoire
Deuxième pilier du pacte présenté mercredi par Ylva Johansson, la solidarité entre les Etats-membres deviendra obligatoire en période de crise afin de maintenir la stabilité du système et de permettre à l’UE de remplir ses obligations humanitaires.
Pour tenir compte des différences au sein des Vingt-Sept et tirant les leçons de l’échec de la tentative d’imposer des quotas, Bruxelles prévoit un système de contributions flexibles. Ainsi, un Etat qui n’accueillerait pas son lot de personnes pourrait apporter un soutien logistique ou opérationnel, par exemple en organisant les renvois vers les pays d’origine.
Le "Pacte migratoire" de la Commission européenne reflète la réalité des rapports de force dans l'Union européenne d'aujourd'hui.
— isabelle ory (@isabelleory) September 23, 2020
En quelques années, le curseur est parti vers la droite.
Afin d’uniformiser les pratiques en matière d’asile, un coordinateur européen aux retours vient d’être nommé. Il pourra s’appuyer sur un réseau de représentants dans chaque pays afin de s’assurer qu’une politique cohérente soit menée à travers l’UE.
Création d’un corps aux frontières
Troisième axe du Pacte sur la migration et l’asile, la gestion des frontières extérieures de l’UE va être améliorée avec la création d’un corps permanent de gardes-frontière et gardes-côtes européen. Ce corps, qui sera déployé à compter du 1er janvier 2021, pourra intervenir partout où cela sera nécessaire.
Ces nouvelles résolutions présentées, ce sera désormais au Parlement européen d’adopter les textes nécessaires à la mise en oeuvre de ce Pacte. Au vu de l’urgence de la situation, la Commission appelle cependant à un accord politique sur les principes fondamentaux d’ici à la fin de l’année.
World Opinions News – agences