L’écrivaine zimbabwéenne NoViolet Bulawayo revient avec une satire politique féroce, une fable animalière qui ne va pas sans rappeler « La ferme des animaux » de George Orwell. Chef-d’œuvre. Sortie : le 23 août.
C’est le roman de tous les superlatifs. La Zimbabwéenne NoViolet Bulawayo – Elizabeth Zandile Tshele pour l’état civil – revient avec un livre qui fera date. Glory (éditions Autrement) est une fable animalière, à la hauteur de La Ferme des animaux d’Orwell (1945), sur les indépendances africaines mais le propos est universel. L’écrivaine, née en 1981, situe son récit dans son pays d’origine, le Zimbabwe, même si le nom n’est jamais cité. Elle sème des indices tout au long du roman, certains plus directs que d’autres. Ironique, bienveillante, empathique, l’écriture de NoViolet Bulawayo est éblouissante, un vrai feu d’artifice. Une fois le livre entamé, il est difficile de s’arrêter.
Que sont nos indépendances devenues ?
Il était une fois, peut-être pas… Sous nos yeux se déroule l’Histoire du Zimbabwe, un pays béni des dieux et violenté par ses dirigeants. Pourtant, tout a commencé d’une façon idéale. Les « animals » étaient contents de s’être débarrassés des colonisateurs. La libération promettait des lendemains qui chantent pour tous les « animals ». Enfin, certains plus que d’autres. Le nouveau dirigeant, le guide suprême, le grand libérateur est un cheval tyrannique, la Vieille Carne. Son règne a duré si longtemps que les mémoires défaillent quand il faut se souvenir. La Vieille Carne aime son peuple, elle aime aussi discourir. La Vieille carne s’en prend à l’ennemi extérieur (l’Occident) et intérieur (opposition), tous jaloux de sa réussite. Le peuple, ventre vide, se tait. Il n’a pas intérêt à râler. Les Défenseurs sont là pour faire des exemples des récalcitrants.
La Vieille Carne n’a pas vu venir son naufrage, la vieillesse. Sa jeune épouse, l’ambitieuse ânesse Merveilleuse, si. Toute ressemblance avec l’ancien autocrate Robert Mugabe n’est pas fortuite. Et surgit le nouveau libérateur. Et l’histoire bégaie de nouveau. Encore et encore. Un éternel recommencement qu’un imprévu, une jeune fille, fera démentir. Une autre vie est possible. Là réside la force de NoViolet Bulawayo qui démonte tout ce système prédateur avec une langue riche, imagée et originale. Dans son premier livre paru en 2014, Il nous faut des nouveaux noms (Gallimard), elle avait déjà marqué les esprits par son écriture et sa liberté de ton. Glory, satire politique ironique et féroce. NoViolet Bulawago, une écrivaine de grand talent.
Glory, NoViolet Bulawayo, traduit de l’anglais par Claro, éditions Autrement, 23,90 euros. Parution : 23 août 2023.
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