Plus de six ans après le rapt des lycéennes de Chibok, ce nouveau kidnapping de masse défie le président nigérian, Buhari, qui avait promis de vaincre le groupe djihadiste.
Pour le djihadiste nigérian Abubakar Shekau, la fréquentation de l’école publique est pire qu’un crime. C’est un « péché ». Le chef de Jamaat Ahl Al-Sunnah Lil Dawa Wal Jihad (JAS), une faction de Boko Haram, considère tout élève comme un « mécréant » à qui il promet la souffrance, la mort par balles ou par égorgement. Vendredi 11 décembre, les pensionnaires de l’école secondaire de la petite ville désolée de Kankara, dans le nord-ouest du Nigeria, ont été attaqués peu avant 22 heures par des hommes armés de fusils d’assaut venus à moto. Certains invoquaient Allah en tirant des rafales en l’air. La police locale a vainement tenté d’intervenir.
Les assaillants ont emmené près de 500 jeunes garçons dans la forêt qui ceinture l’établissement, un refuge prisé des grands bandits du coin réputés pour leur brutalité. Ce soir-là, à environ 170 km plus au nord, dans cet Etat de Katsina frontalier du Niger, le président Muhammadu Buhari arrivait dans son village natal pour se reposer parmi les siens. Sa région, jusque-là relativement épargnée par la terreur des djihadistes, est désormais le théâtre d’un enlèvement de masse revendiqué, mardi 15 décembre, par Boko Haram.
Dans un message audio de près de quatre minutes trente, une voix attribuée à Shekau assure être « derrière ce qui s’est passé à Katsina », provoquant l’effroi. Le chef de l’Etat a dénoncé des « bandits lâches » et le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a « condamné fermement » cette attaque, demandant « la libération immédiate et sans conditions » des enfants. Des écoliers ont pu s’enfuir mais, à ce jour, plus de 330 restent portés disparus selon les autorités nigérianes qui poursuivent les recherches.