L’Académie suédoise a attribué jeudi le prix Nobel de littérature à la poétesse américaine Louise Glück, 77 ans, professeure d’anglais à l’Université de Yale. Une récompense surprise couronnant son œuvre entamée à la fin des années 1960.
Le Prix de Nobel de littérature 2020 a été annoncé peu après 13h: il a été attribué à l’Américaine Louise Glück pour « sa voix poétique caractéristique qui, avec une beauté austère, rend l’existence individuelle universelle », a annoncé l’Académie suédoise.
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The 2020 Nobel Prize in Literature is awarded to the American poet Louise Glück “for her unmistakable poetic voice that with austere beauty makes individual existence universal.”#NobelPrize pic.twitter.com/Wbgz5Gkv8C
Deux ans après la Polonaise Olga Tokarczuk, Louise Glück est la seizième femme à se voir décerner le prix. Née en 1943 à New York, l’auteure vit à Cambridge, dans le Massachusetts. Outre l’écriture, elle est professeure d’anglais à l’Université de Yale, à New Haven, dans le Connecticut.
"It's too new … it's too early here."
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Take a listen to this brief conversation with new Literature Laureate Louise Glück, recorded shortly after the announcement of her #NobelPrize: pic.twitter.com/g6qg4lf84r
« First Born » fut son premier livre, en 1968; « C’est l’une des poétesses les plus proéminentes de la littérature américaine », a souligné le Comité Nobel.
Louise Glück avait remporté une autre récompense prestigieuse, le prix Pulitzer de poésie en 1993 pour son recueil « The Wild Iris » (lire encadré), recueil qui déploie tout un jardin.
Louise Glück, poétesse américaine. [DR – Yale University]
L’enfance et la vie de famille, la relation étroite entre les parents et les frères et soeurs, sont une thématique centrale de son œuvre. Elle tend à l’universalité, écrit des poèmes oniriques, utilise les vers libres: sa poésie est très accessible. Elle se passe d’appareil critique explicatif, et l’anglais de Louise Glück se lit sans trop de peine pourvu que l’on ait quelques notions de cette langue.
Adepte du dépouillement, elle cite pour premières influences de jeunesse des poètes connus pour leur clarté d’expression, William Butler Yeats (prix Nobel 1923) et T.S. Eliot (prix Nobel 1948).
Elle aime évoquer les changements, les moments décisifs: son écriture est souvent empreinte d’humour et d’un esprit mordant. La collection de textes « Vita Nova » (1999) se conclut par exemple avec ces lignes: « I thought my life was over and my heart was broken. / Then I moved to Cambridge. », traduit dans notre langue par, « Je crus ma vie terminée et mon cœur brisé. / Ensuite, j’ai déménagé à Cambridge. »
« Averno » (2006) est son recueil magistral, une interprétation visionnaire du mythe de la descente aux enfers de Perséphone en captivité de Hadès, le dieu de la mort. Une autre réalisation spectaculaire est son dernier recueil, « Faithful and Virtuous Night » (2014).
En français, la traduction de cette poétesse est restée jusqu’ici confidentielle, faute de parution en volume. Elle se limite à des revues spécialisées. L’Américaine a consacré un de ses poèmes à Jeanne d’Arc en 1976.
Une lauréate surprise
La lauréate de ce 8 octobre constitue une surprise: la poétesse américaine Louise Glück ne figurait en effet sur aucune liste de papables.
Avare en interview, la lauréate a confié à l’agence suédoise TT qu’elle ne s’attendait pas à recevoir le prix: « Je suis une poète lyrique blanche américaine. Peut-être dans un autre siècle, mais pas maintenant », a-t-elle dit.
Pour beaucoup d’observateurs, l’Académie devait faire cette année un choix de raison, qui ne crée pas la polémique comme l’a fait l’an dernier l’Allemand pro-serbe Peter Handke, ou le choix du chanteur Bob Dylan en 2016 (lire encadré).
Certains ont même prédit la nomination d’une femme, d’un continent autre que l’Europe, et politiquement correcte.
Sur les sites des parieurs, la Française gouadeloupéenne Maryse Condé venait en tête. Mais les Français sont déjà les écrivains les plus récompensés du Nobel de Littérature. Et les Européens ont raflé cinq prix durant les six dernières années. L’Académie a donc préféré récompenser une autrice d’un autre continent.
On se souvient que l’Institution s’est réformée en profondeur après le scandale d’agression sexuelle qui l’a touchée, et le report du prix il y a deux ans. Un nouveau secrétaire perpétuel dirige l’Académie suédoise, quasi la moitié de ses membres a changé, elle s’est féminisée et s’est donné pour objectif une plus grande ouverture sur le monde.
The American poet Louise Glück – awarded this year’s #NobelPrize in Literature – was born 1943 in New York and lives in Cambridge, Massachusetts. Apart from her writing she is a professor of English at Yale University, New Haven, Connecticut.
— The Nobel Prize (@NobelPrize) October 8, 2020
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