Le gouvernement souhaite supprimer les subventions des produits de première nécessité, réduire la masse salariale de la fonction publique et restructurer les entreprises d’Etat.
Le Fonds monétaire international (FMI) se tient « prêt » à venir en aide à la Tunisie, a affirmé le porte-parole de l’institution, jeudi 6 mai, alors que des réunions ont eu lieu cette semaine à Washington avec les autorités tunisiennes en vue de l’obtention d’un programme d’aide.
« Les équipes du fonds ont rencontré les autorités tunisiennes plus tôt cette semaine et celles-ci ont fait part de leur programme de réformes économiques », a déclaré Gerry Rice, sans toutefois donner de détails sur les concessions potentielles du pays en échange d’un prêt. « Je n’ai pas de calendrier » ou d’échéance de fin de négociations, ni de montant du prêt qui est discuté, a-t-il ajouté. Pour l’heure, les discussions sont d’ordre « techniques », a-t-il poursuivi. En d’autres termes, le FMI passe en revue les détails du plan fourni par Tunis.
Selon des documents du gouvernement tunisien dont l’AFP a obtenu copie, l’une des mesures phare est de remplacer les subventions des prix des produits de première nécessité par des aides directes aux familles. Le but est d’éliminer ces subventions d’ici à 2024.
Autre élément socialement explosif : la réduction de la masse salariale de la fonction publique, qui a gonflé sous l’effet de recrutements dans le secteur de la santé pour lutter contre le Covid-19. Le gouvernement propose un programme de départs volontaires, des départs à la retraite anticipée ou encore des incitations au travail à temps partiel. Tunis entend « contenir la masse salariale autour de 15 % du PIB en 2022, contre 17,4 % du PIB en 2020 », selon ces documents.
Un pays lourdement endetté
Autre mesure importante : restructurer les entreprises publiques, dont la plupart sont lourdement déficitaires, avec l’objectif d’un retour à l’équilibre d’ici à 2024. Les coûts de restructuration seraient pris en charge par un fonds notamment financé par des cessions d’actifs, des parts de sociétés dans lesquelles l’Etat est minoritaire ou des entreprises non stratégiques, selon un conseiller économique du gouvernement.
« Les discussions ont commencé » et « nous sommes prêts à aider la Tunisie et le peuple tunisien à lutter contre l’impact de la crise, à progresser vers une reprise inclusive et à restaurer des finances viables », a assuré le porte-parole du FMI.
Lourdement endetté, le pays s’est tourné vers le FMI pour la quatrième fois en une décennie et négocierait un accord triennal. Après des années de morosité économique et de gestion à court terme, la pandémie de Covid-19 a mis la Tunisie à genoux : sa dette extérieure a atteint la barre symbolique des 100 milliards de dinars (environ 30 milliards d’euros), soit 100 % du PIB. La Tunisie doit rembourser quelque 4,5 milliards d’euros sur l’année en cours et a ainsi besoin d’une rallonge de 5,7 milliards d’euros pour boucler son budget 2021.about:blank
Le FMI table sur une croissance tunisienne de 3,8 % cette année, un rythme insuffisant pour compenser la contraction de 8,9 % du PIB enregistrée en 2020 – du jamais-vu.
Le Monde avec AFP
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