Pékin pense avoir une carte à jouer dans le pays : celle de la reconstruction et d’une certaine intégration économique avec le Pakistan, son partenaire stratégique dans la région.
Le retrait précipité des Etats-Unis de Kaboul et la prise de la capitale afghane par les talibans, dimanche 15 août, sont un filon pour la propagande chinoise : aux yeux de Pékin, rien de tel pour démontrer, comme l’a déclaré, lundi, le ministre des affaires étrangères, Wang Yi, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue américain, Antony Blinken, que « l’application mécanique d’un modèle étranger à un pays dont l’histoire, la culture et la situation sont différentes ne peut que conduire à l’échec ».
Dans un éditorial paru mardi, le China Daily glose sur « l’héritage désastreux des Etats-Unis en Afghanistan ». « La mort, les effusions de sang et une énorme tragédie humanitaire sont ce que les Etats-Unis ont véritablement laissé derrière eux en Afghanistan, dont l’illustration choquante a été ces Afghans tombés dans le vide après s’être accrochés à un avion militaire américain », y lit-on. Dans l’inventaire dressé par les médias chinois sur le fiasco américain, tout y passe : l’hubris américain, le « gaspillage stratégique » et l’incohérence des présidents successifs.
Surtout, le cas afghan serait une « leçon pour Taïwan ». Le Parti démocrate progressiste (DPP) au pouvoir dans l’île, grand défenseur de la souveraineté taïwanaise, ferait mieux d’en « tirer les conséquences », prévient un éditorial du Global Times, publié lundi. Comme l’Afghanistan, Taïwan risque bien d’être « abandonné à son tour » : « Si une guerre éclate dans le détroit, la défense de l’île s’effondrera en quelques heures, et l’armée américaine ne viendra pas les aider. En conséquence, les autorités du DPP se rendront rapidement, et certains de leurs hauts responsables pourraient avoir à fuir en avion. »
Par Brice Pedroletti – Le Monde