C’est en réponse à des demandes de Bruxelles et Paris que les deux réseaux sociaux limitent l’accès aux contenus de deux médias d’Etat de la Fédération de Russie.
Today, we’re adding labels to Tweets that share links to Russian state-affiliated media websites and are taking steps to significantly reduce the circulation of this content on Twitter.
— Yoel Roth (@yoyoel) February 28, 2022
We’ll roll out these labels to other state-affiliated media outlets in the coming weeks. pic.twitter.com/57Dycmn8lx
Les grands réseaux sociaux ont commencé à limiter la présence de RT (anciennement Russia Today) et Sputnik, du moins en Europe. Après TikTok, Facebook a annoncé, lundi 28 février au soir, avoir suspendu l’accès aux comptes de ces médias d’Etat russe en Europe, « en raison de la nature exceptionnelle de la situation ». L’entreprise de Mark Zuckerberg dit avoir « reçu des requêtes de nombreux gouvernements et de l’Union européenne » pour prendre des mesures supplémentaires contre ces entités publiques, en réponse à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, a précisé le responsable des affaires publiques, Nick Clegg.
Dans l’après-midi, les vidéos de RT et Sputnik avaient déjà été rendues inaccessibles sur TikTok, a constaté Le Monde. En effet, selon nos informations, le réseau social a décidé lundi de restreindre l’accès à RT et Sputnik. Et le représentant français de TikTok a évoqué cette mesure lors d’une réunion organisée avec les principaux réseaux sociaux par le secrétaire d’Etat au numérique Cédric O, lundi matin. Ce dernier a demandé aux plates-formes d’empêcher l’accès aux deux médias « de propagande » russe, en anticipation des décisions annoncées dimanche par la Commission européenne. TikTok a été le premier réseau social à prendre une telle mesure.about:blankhttps://acdn.adnxs.com/dmp/async_usersync.html
Selon les constatations du Monde, les vidéos de RT en français, anglais ou espagnol ne sont plus accessibles depuis la France, mais elles peuvent toujours être consultées par les internautes se connectant à partir d’un pays n’appartenant pas à l’Union européenne. Sollicité, TikTok n’était pas en mesure de commenter cette information.
Ce 27 février, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avait annoncé que l’Europe allait « interdire la machine médiatique du Kremlin ». « Les médias d’Etat RT et Sputnik, ainsi que leurs filiales, ne pourront plus diffuser leurs mensonges pour justifier la guerre de Poutine et pour semer la division dans notre union », avait-elle déclaré.
Contestations
RT France a, d’ores et déjà, annoncé son intention de contester en justice toute mesure de blocage. Et a déclaré : « La décision de bannir notre chaîne, dans laquelle travaillent 176 salariés, dont plus de cent journalistes, est une violation de l’Etat de droit et va à l’encontre des principes mêmes de la liberté d’expression. Rien ne peut justifier cette censure. »
D’autres plates-formes, comme YouTube (filiale de Google) ou Facebook avaient déjà pris des mesures : samedi, la plate-forme de vidéos a ainsi annoncé empêcher la monétisation publicitaire des vidéos de RT et de Sputnik, et limiter la recommandation de leurs vidéos par leurs algorithmes. Twitter a annoncé lundi que les liens vers RT et Sputnik publiés sur sa plate-forme seraient désormais précédés d’une mention très visible indiquant qu’ils appartiennent à l’Etat russe. Les autres médias publics devraient connaître le même traitement à l’avenir, explique l’entreprise.
Toutefois, les réseaux sociaux américains n’avaient initialement pas suspendu les deux médias russes, estimant qu’il n’y avait, à ce stade, pas de disposition juridique adéquate dans leur règlement interne ou dans la loi.
Today, we’re adding labels to Tweets that share links to Russian state-affiliated media websites and are taking steps to significantly reduce the circulation of this content on Twitter.
— Yoel Roth (@yoyoel) February 28, 2022
We’ll roll out these labels to other state-affiliated media outlets in the coming weeks. pic.twitter.com/57Dycmn8lx
La Commission européenne semble toutefois disposée à préciser juridiquement sa demande d’interdiction dans de très brefs délais : Mme Von der Leyen a annoncé de « nouveaux outils », et une porte-parole de Bruxelles a dit lundi midi, lors d’un point de presse, travailler aux « modalités pratiques », qui pourraient être dévoilées lors de l’annonce d’une nouvelle série de sanctions envers la Russie mardi ou mercredi.
Interrogé sur les risques de voir l’interdiction de RT et Sputnik contestée au nom de la liberté d’expression, la porte-parole a, selon le site EU Observer, estimé « douter qu’on puisse les qualifier de médias ». En France, la suspension de la chaîne de télévision RT France nécessite toutefois, a priori, une décision de l’Arcom, le régulateur des médias.
Par Alexandre Piquard et Damien Leloup – Le Monde