Fruit d’une réflexion engagée fin 2019, l’institution de prospective attachée à Matignon propose la création d’une administration chargée de mettre en cohérence les politiques publiques et d’animer le débat public, crucial pour garantir le caractère « socialement et démocratiquement soutenable » des décisions prises.
Concilier « fin du monde et fin du mois » ? Au lendemain de la crise des « gilets jaunes », France Stratégie a pris au sérieux cette ritournelle, qui résume la difficulté à piloter la transition écologique, tout en la rendant socialement et démocratiquement acceptable.
Fin 2019, l’institution de prospective attachée à Matignon s’est autosaisie de cette épineuse question et a cherché à brosser le portrait d’une instance susceptible de mettre en musique la transition et de faire cohabiter les exigences du long terme et les impératifs du jour.
Le résultat de son travail, un rapport de 250 pages publié dimanche 8 mai, prend une importance singulière, à l’aune des récentes déclarations d’Emmanuel Macron, assurant faire de la planification écologique une priorité de son second mandat.
Dans son rapport, France Stratégie préconise une profonde et ambitieuse réorganisation des rouages de l’Etat, avec la création d’une nouvelle administration, adossée aux services du premier ministre. Celle-ci serait dévolue à planifier la transition, à mettre en cohérence avec celle-ci l’ensemble des politiques publiques, et à animer le débat public pour en identifier les éléments de consensus ou, au contraire, de discorde. Un aspect crucial pour garantir le caractère « socialement et démocratiquement soutenable » des mesures prises, selon l’expression d’Hélène Garner, l’une des coordinatrices du rapport.
Deux années durant, les rapporteurs ont auditionné de nombreuses personnalités qualifiées et ont recueilli des centaines de contributions d’économistes, de politistes et de sociologues, d’historiens, de philosophes, de juristes, d’élus, de partenaires sociaux, etc. « Ce travail est parti d’une idée forte, raconte Johanna Barasz, coordinatrice du rapport. Bien que face à des enjeux vitaux que sont le dérèglement du climat, l’effondrement de la biodiversité, l’aggravation des pollutions ou encore l’accroissement des inégalités, l’Etat n’est pas outillé pour répondre de manière cohérente à ces défis, tout en tenant compte des équilibres socio-économiques du présent. »
Par Stéphane Foucart – Le Monde