Trois femmes ont témoigné contre le militant écologiste Nicolas Hulot pour des agressions qui auraient eu lieu entre 1989 et 2001, donc prescrites, dans un reportage diffusé jeudi. Elles évoquent des caresses, des baisers volés et des tentatives de fellation forcée. Nicolas Hulot nie formellement. Vendredi, une enquête préliminaire pour viol et agression sexuelle a été ouverte.
Sylvia a 16 ans quand elle dit avoir rencontré Nicolas #Hulot.
— Envoyé spécial (@EnvoyeSpecial) November 25, 2021
“Au moment de lui dire au revoir, il me demande de l’embrasser dans le cou.”
Les faits qu’elle décrit se seraient déroulés il y a plus de 30 ans. Ils sont prescrits par la loi.
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Dans un reportage de 62 minutes, l’émission de France 2 Envoyé Spécial donne la parole à ces femmes, dont deux, Sylvia et Cécile, parlent à visage découvert. La troisième, anonyme, dit être une ancienne collaboratrice de Nicolas Hulot.
L’enquête télévisée comprend aussi le témoignage de la militante écologiste Claire Nouvian et revient sur la plainte pour viol déposée en 2008 par Pascale Mitterrand, petite-fille de l’ancien président, classée sans suite car les faits étaient prescrits.
Une femme raconte son agression à 16 ans
Sur le plateau de l’émission « C à vous » de France 5, deux heures avant la diffusion du reportage sur France 2, l’animatrice d’Envoyé Spécial Elise Lucet a expliqué la genèse de cette enquête télévisée. « Après l’affaire Weinstein (…) on a eu vent d’une histoire d’une femme qui se disait harcelée, agressée par Nicolas Hulot, bien avant les premiers témoignages le concernant », a-t-elle expliqué. Le reportage est « le résultat de quatre ans de travail ».
Entre une gamine de 16 ans et Nicolas Hulot, qui allait me croire?
Sylvia, qui dit avoir été agressée par Nicolas Hulot
Sylvia dit avoir été agressée sexuellement en 1989 à l’âge de 16 ans par Nicolas Hulot. Elle raconte avoir été invitée à assister à une émission qu’il animait alors à Paris. Il aurait ensuite proposé de la raccompagner en voiture à une station de métro mais la conduit finalement dans un parking à ciel ouvert. « Et là il sort son sexe (…), il a pris ma main, il m’a demandé si je l’avais déjà fait avec des garçons », raconte-t-elle. « Il me force à lui faire une fellation que je ne fais pas réellement parce que je crois que je suis tétanisée. »
Elle ajoute n’en avoir parlé que bien plus tard à sa mère et à un ami. Pourquoi ne pas avoir porté plainte? Entre « une gamine de 16 ans et Nicolas Hulot, qui allait me croire? », répond-elle.
>> Le témoignage de Sylvia dans Envoyé Spécial:
Sylvia a 16 ans quand elle dit avoir rencontré Nicolas #Hulot.
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“Au moment de lui dire au revoir, il me demande de l’embrasser dans le cou.”
Les faits qu’elle décrit se seraient déroulés il y a plus de 30 ans. Ils sont prescrits par la loi.
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« Un dysfonctionnement dans ses rapports aux femmes »
Cécile était contractuelle en septembre 1998 à l’ambassade de France à Moscou, dit-elle. Alors âgée de 23 ans, elle est sollicitée pour aider l’équipe d’Ushuaïa et son animateur vedette. Pour la remercier, Nicolas Hulot l’invite à dîner. Dans le taxi, « il se jette sur moi, il essaye de m’embrasser » et lui touche les seins et l’entrejambe, dit-elle. « J’ai frappé comme j’ai pu, (…) je crois que le non était très clair ». Porter plainte? « En Russie? A Moscou ? Contre un ami du président Jacques Chirac? Non, ça ne m’est pas venu à l’idée », déclare Cécile.
Porter plainte contre un ami du président Jacques Chirac? Non, ça ne m’est pas venu à l’idée
Cécile, qui dit avoir été agressée par Nicolas Hulot
>> Le témoignage de Cécile dans Envoyé Spécial:
Cécile raconte avoir été agressée sexuellement par Nicolas #Hulot en 1998. À l'époque, elle avait 23 ans.
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Les faits qu’elle dénonce sont aujourd'hui prescrits.#EnvoyéSpécial #Metoo #MetooPolitique pic.twitter.com/WHia6c3EWY
L’autre femme interrogée dit avoir travaillé avec Nicolas Hulot en 2001. A l’issue de leur première réunion de travail, il « m’embrasse à pleine bouche », selon ses propos. « C’est forcément de force puisque c’est par surprise ». Elle précise que l’ex-animateur n’a pas recommencé.
Claire Nouvian raconte elle avoir été mise en garde, avant le tournage d’un reportage réalisé avec Nicolas Hulot en 2008, afin qu’elle évite de se retrouver seule avec lui. L’animateur n’a pas eu de gestes déplacés pendant le tournage, relate-t-elle. A une autre occasion, « il a quand même essayé de m’embrasser », ajoute-t-elle, évoquant « un dysfonctionnement dans ses rapports aux femmes ».
Nicolas Hulot dément formellement
Dès mercredi, sur le plateau de BFMTV, Nicolas Hulot avait nié formellement ces accusations d’agressions sexuelles et annoncé quitter « définitivement » la vie publique, pour protéger ses proches et sa Fondation des retombées d’un « lynchage ».
« Je vais quitter la présidence d’honneur de ma fondation, oeuvre de ma vie (…) pour les protéger des salissures », a-t-il déclaré. « Dans la foulée, pas plus parce que ma conscience ne serait pas tranquille, je quitte définitivement la vie publique tout simplement parce que je suis écoeuré », a ajouté l’ancien animateur TV. « Je quitte mon engagement et je ne m’exprimerai plus. C’est trop lourd payé ».
« Il n’y a aucune enquête en cours sur ces faits », a insisté son avocat dans un entretien au Point jeudi. « Le doute doit profiter à l’accusé. »
Celui qui était alors ministre de l’Environnement avait quitté le gouvernement avec fracas en août 2018, dénonçant le manque d’avancées sur l’environnement. A la question mercredi de savoir si des accusations d’agressions avaient joué un rôle dans cette décision, il a répondu: « Pas une seconde ».
Une enquête ouverte par le parquet de Paris
Une enquête préliminaire pour viol et agression sexuelle a été ouverte vendredi, au lendemain de la diffusion d’un reportage de France 2, a annoncé la procureure de Paris Laure Beccuau dans un communiqué.
Les investigations « s’attacheront à déterminer si les faits dénoncés peuvent caractériser une infraction pénale et si, au vu de leur ancienneté, la prescription de l’action publique est acquise », a-t-elle expliqué.
Accusations contre @N_Hulot dans #Envoyespecial
— Les Grandes Gueules (@GG_RMC) November 26, 2021
🔴@OlivierTruchot : Ce que vous nous dites @MarleneSchiappa, ne tient pas, c'est l'article dans l'#Ebdo qui a permis la libération de la parole de ces femmes" #GGRMC pic.twitter.com/A3ZkePDBbp
World Opinions / France 2 / agences