Facebook ose la rencontre à distance

Faire plus fort que Tinder, Grindr ou encore AdopteUnMec ? Interview de Fidji Simo, la Sétoise de 35 ans qui dirige l’application du réseau social.

Oubliez la réalité virtuelle, les outils de télétravail ou encore la création d’une cryptomonnaie, le nouveau chantier de Facebook est celui de la rencontre amoureuse  ! Le réseau social peut-il faire mieux que Tinder, AdopteUnMec ou encore Happn  ? Sommes-nous prêts à abandonner notre intimité à Facebook ? Le réseau social qui, de notre orientation politique, sexuelle ou encore gastronomique, sait déjà (presque) tout, nous veut-il du bien ? Est-il à même de nous permettre de créer l’étincelle et donc de changer radicalement notre vie ? Née à Sète il y a 35 ans, Fidji Simo dirige depuis Mountain View l’application du réseau social aux 2,7 milliards de membres dans le monde. Interview

Le Point : Facebook est-il vraiment crédible sur le sujet de la rencontre ?

Fidji Simo : La principale différence avec les autres applications de rencontres est que, avec notre application mobile, vous pourrez être connecté à des personnes avec lesquelles vous partagez des goûts. Nous nous sommes vraiment concentrés sur les personnes qui recherchent des relations amoureuses significatives, pas seulement une rencontre d’une nuit. Nous avons aussi créé une fonctionnalité pour activer les rencontres virtuelles, via un chat vidéo, avant une rencontre réelle.

Justement, comment ces rendez-vous virtuels peuvent-ils se passer  ?

Lorsque vous êtes prêt à dialoguer par vidéo, vous pouvez appuyer sur une icône dédiée. Une invitation est envoyée à l’autre personne et, dès qu’elle a accepté, elle se joint à votre appel vidéo et vous pouvez faire plus ample connaissance. Votre nom de famille n’est pas affiché lorsque vous commencez l’appel. Par ailleurs, nous nous assurons que votre profil de Facebook Rencontre est bien distinct de votre profil principal sur Facebook, de sorte que, même en cas d’appel, nous avons maintenu cette séparation.

Les gens qui aiment les mêmes films sont-ils plus susceptibles de rencontrer l’âme sœur ?

Nous n’avons pas analysé ce point précis, mais avoir les mêmes intérêts peut aider à entamer une conversation. Cela peut vous donner un sujet de conversation lors de votre première rencontre. L’objectif des stories, par exemple, est de s’assurer que vous aurez le sentiment, avant de rencontrer quelqu’un, qu’il y a une personne entière de l’autre côté. Et qu’il est important, avant de franchir le pas, de comprendre ce qu’est la vie quotidienne de la personne.

Le risque n’est-il pas de rencontrer uniquement des personnes qui nous ressemblent ? La fin de la poésie…

Nous ne vous proposons pas de vous mettre en contact avec vos amis. Et, si vous le souhaitez, il est également possible de ne pas entrer en contact avec les amis de vos amis. Cela vous permet de rencontrer des personnes en dehors de celles que vous rencontreriez dans votre bulle.

Pensez-vous que ce service sera un jour accessible en réalité virtuelle, via le casque Oculus Quest 2, par exemple ?

L’utilisation sera essentiellement mobile. Nous n’avons pas encore construit cela en réalité virtuelle, car ça exige un grand niveau de sécurité. Donc nous ne serons pas à court terme présents sur la plateforme Horizon (NDLR : la plateforme maison de réalité virtuelle).

Vous proposez une fonction « Secret Crush » qu’il est possible d’activer simultanément sur neuf contacts. Comment cela fonctionne-t-il  ?

Si vous avez le béguin pour quelqu’un, vous l’indiquez au réseau social, qui le transmettra à l’élu de votre cœur si ce dernier a effectué la même action. Et, seulement à ce moment-là, vous serez mis en relation. Avec mon mari, nous étions follement amoureux l’un de l’autre pendant trois ans avant qu’il ne fasse le premier pas  ! Si seulement il avait eu une fonction secrète de coup de cœur… Aux États-Unis, la rencontre amoureuse commence toujours par un rendez-vous formalisé, le « date ». Il est méthodique. En France, on fonctionne davantage sur le non-dit, et tout commence souvent par une amitié. Alors, même si nous sommes très doués pour la romance, un peu d’aide d’un service de rencontres peut être utile  ! 

Toutes les sexualités seront-elles les bienvenues sur cette plateforme ? C’est parfois délicat alors que beaucoup de préjugés existent encore…

Absolument. Nous avons eu à cœur que tout le monde se sente inclus et donc puisse trouver l’âme sœur. Tout le monde doit être le bienvenu.

Ce service est gratuit. Comment savoir qui a accès à mes données  ?

Aucune donnée de votre profil de rencontre, la liste de vos correspondants, ou encore de votre messagerie, n’apparaîtra dans votre fil d’actualité Facebook principal. Aucune personne que vous avez bloquée sur Facebook ne vous sera suggérée. Et vous pouvez couper à tout moment la localisation sur l’application.

Les femmes sont très peu présentes dans la technologie. Comment changer les choses ?

Je pense qu’il faut leur répéter qu’elles voient grand et qu’elles se donnent la permission de réussir. Avec les biais liés au genre qui existent encore dans notre société, c’est la seule manière de permettre aux filles de rêver, de voir grand et de réussir.

À quoi ressemblera Facebook dans cinq ans ?

Nous travaillons sur la possibilité de travailler ou d’interagir à distance, via des outils comme Messenger Rooms, une tendance qui s’est accélérée avec le Covid-19. Et nous voulons continuer à aider les entreprises à accélérer leur présence en ligne. Enfin, nous voulons mettre les communautés au centre de nos priorités. Plus de 1,8 milliard de personnes sont présentes via des groupes actifs sur Facebook. Je participe, par exemple, à un groupe de parents. Nous hébergeons pas moins de 2 000 groupes liés à l’éducation et ils se sont multipliés durant la pandémie. On voit aussi se multiplier des groupes qui proposent des séances de fitness, des organisations d’événements ou encore des ventes à distance. À nous de créer les conditions de chacun de s’épanouir.

Ces groupes véhiculent encore souvent la haine… 

Aujourd’hui, plus de 96 % des discours haineux que nous supprimons l’ont été par nos systèmes d’intelligence artificielle, avant même qu’un utilisateur ne nous les signale. Cela dit, nous allons encore miser longtemps sur des solutions qui reposent à la fois sur une expertise humaine et liée à l’intelligence artificielle. Nous investissons activement dans le domaine.

Propos recueillis par Guillaume Gralletlepoint.fr

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