La France se distingue en Europe par la faiblesse de ses frais de scolarité, mais aussi par la faiblesse des aides accordées aux étudiants, rappelle le sociologue Nicolas Charles.
En France, l’Etat compte sur les familles pour aider financièrement les jeunes adultes qui poursuivent des études et n’intervient qu’en cas de défaut de celles-ci : voilà ce qui caractérise le système de financement des études supérieures en France, selon le sociologue Nicolas Charles. Une politique à rebours des choix effectués dans d’autres pays européens qui donnent plus d’autonomie aux étudiants. Maître de conférences en sociologie à l’université de Bordeaux, Nicolas Charles a étudié les différents modes de financement de l’enseignement supérieur en Europe, et met en avant les limites du modèle français au regard des systèmes anglais et suédois.
Les débats récurrents sur le mode de financement des études supérieures sont-ils une spécificité française ?
Ces sujets font l’objet de débats dans les autres pays, avec des questions de macroéconomie qui en sont souvent à la source. C’est le cas aux Etats-Unis, par exemple, où la capacité des étudiants à rembourser leurs emprunts, qui atteignent des sommes astronomiques, inquiète régulièrement en raison des risques pour l’économie, ou encore en Grande-Bretagne, où les frais d’inscription élevés vont de pair avec des emprunts d’Etat, dont une partie importante n’est de fait jamais remboursée. En France, la sensibilité plus forte de la population aux inégalités, comparée à celle d’autres pays, et l’organisation plus hétérogène du système d’enseignement supérieur font plus qu’ailleurs tourner ces débats autour de la justice sociale et de la précarité.
Qu’est-ce qui caractérise le système de financement des études supérieures en France ?
Historiquement, la France se distingue des autres pays par le faible coût de ses frais de scolarité dans l’enseignement supérieur, mais aussi par les faibles ressources octroyées aux étudiants. Autrement dit, dans la majorité des cas, être étudiant en France, c’est payer peu pour ses études, mais aussi avoir peu d’argent pour vivre.
Propos recueillis par Séverin Graveleau – Le Monde