Le nombre de nouveaux cas du virus a baissé ces dernières semaines outre-Atlantique. Jeudi 20 août, le pays a enregistré 43 000 nouveaux cas.
Les États-Unis sont sévèrement touchés par l’épidémie de coronavirus. Certains États comme la Floride avaient commencé un déconfinement il y a de cela deux mois, avant que le nombre de contaminations n’explose et ne force une partie du pays à prendre des mesures barrières très strictes. Mais il semble que l’épidémie soit sur la pente descendante outre-Atlantique. Le nombre de nouveaux cas de Covid-19 a ainsi fortement baissé en trois semaines. Alors que le pays enregistrait des pics de plus de 70 000 nouveaux cas par jour en juillet dernier, jeudi 20 août, seuls 43 000 cas ont été confirmés positifs.
Les hospitalisations ont également baissé d’un tiers depuis le pic, selon le Covid Tracking Project, et le nombre de morts, stable à un millier par jour depuis fin juillet, devrait en toute logique commencer à diminuer. Néanmoins, les experts se demandent si les Américains auront la discipline de poursuivre les gestes barrières jusqu’à ce que l’épidémie soit réellement sous contrôle.
Un taux d’incidence encore trop élevé
« J’espère que la semaine prochaine nous commencerons à voir une réduction » de la mortalité, a dit jeudi le directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), Robert Redfield, lors d’un échange en ligne avec la revue médicale Jama. Le pays n’est cependant pas sorti du bois. Le taux d’incidence (nombre de nouveaux cas rapporté à la population) reste le triple de celui observé en France ou au Mexique. Et la moyenne américaine cache d’énormes disparités régionales.
« On commence à inverser la tendance dans ce que j’appelle l’épidémie du Sud », a déclaré Robert Redfield. « Mais il y a des signaux inquiétants », a-t-il dit en pointant la région centrale du Midwest, où les chiffres stagnent au lieu de baisser. « Le Midwest est coincé en ce moment », a averti Robert Redfield. « Nous ne sommes pas condamnés à une troisième vague dans le centre », a-t-il ensuite imploré.
La hantise des autorités sanitaires est une répétition du scénario catastrophe du printemps : pressés par Donald Trump, de nombreux États du Sud et de l’Ouest, qui n’avaient été que peu touchés lors de la première vague de février-mars-avril, ont déconfiné avant d’avoir réduit l’incidence à un niveau bas, ce qui a conduit à l’énorme rebond de juin et juillet.
Une rentrée des écoles virtuelle
Or, dans le centre et le Sud, de nombreuses écoles et universités ont fait le pari de rappeler les élèves et étudiants en cours. L’Alabama va rouvrir tous ses campus, mais va préalablement tester l’ensemble des étudiants. Ailleurs, les grandes universités de Caroline du Nord à Chapel Hill ou Notre Dame sont repassées au virtuel après leurs rentrées la semaine dernière, en raison de foyers de contagion dans des résidences étudiantes.
Pour les écoles, collèges et lycées, la plupart des grandes agglomérations (Washington, Chicago, Houston, Los Angeles…) ont opté pour une rentrée 100 % virtuelle, mais, dans les zones rurales, de multiples foyers ont éclaté là où les élèves sont revenus en classe. Donald Trump est partisan d’une réouverture totale et d’un retour à la normale, mais le gouvernement fédéral laisse les autorités locales évaluer elles-mêmes les risques. Aucun critère épidémique n’a été fixé au niveau national.
« Il faut vraiment y réfléchir à deux fois avant de ramener les enfants à l’école » dans les zones « rouges » du gouvernement (incidence supérieure à 100 cas par semaine pour 100 000 habitants), a prévenu Anthony Fauci, expert en maladies infectieuses du gouvernement, dans un échange avec l’université George-Washington.
La mise en garde d’Anthony Fauci
« Il faut prendre en compte le niveau de maladies dans la zone alentour », insiste aussi Jennifer Nuzzo, épidémiologiste à Johns-Hopkins, et fermer les établissements si nécessaire. Anthony Fauci met en garde inlassablement contre un nouveau relâchement des gestes barrières qui ont clairement fait leurs preuves de New York à Phoenix.
« Nous avons le pouvoir, même avant l’arrivée d’un vaccin, de contrôler cette épidémie si nous respectons les principes de santé publique », dit l’infectiologue. « J’aimerais tant voir tous les États-Unis aller dans le même sens. » La patience est requise : même si un vaccin était disponible début 2021, le « retour à la normale » prendra des mois, le temps de vacciner la population et d’atteindre une immunité collective. Ezekiel Emanuel, de l’université de Pennsylvanie, estime qu’il faudra attendre novembre 2021 ou janvier 2022.
World Opinions News – AFP