La Maison Blanche a annoncé mardi une augmentation des droits de douane sur les produits chinois dans plusieurs secteurs, équivalent à 18 milliards de dollars d’importations. Washington veut ainsi « protéger les entreprises et travailleurs américains » d’une concurrence jugée « déloyale ».
I just imposed a series of tariffs on goods made in China:
— President Biden (@POTUS) May 14, 2024
25% on steel and aluminum,
50% on semiconductors,
100% on EVs,
And 50% on solar panels.
China is determined to dominate these industries.
I'm determined to ensure America leads the world in them.
Après les subventions au « made in America », voici les barrières douanières anti-chinoises. Ce mardi, le président américain Joe Biden, candidat à sa réélection en novembre, devait annoncer la mise en place de surtaxes prohibitives sur certaines importations industrielles chinoises. Au total, 18 milliards de dollars de marchandises sont concernés – un chiffre à rapporter à l’enveloppe actuelle de 350 milliards de biens taxés.
Ces surtaxes à l’importation ne frappent pas indistinctement tous les secteurs ou tous les pays : elles ciblent les industries stratégiques chinoises, insiste la Maison-Blanche. Elles se concentrent notamment sur les industries « vertes », qui ont bénéficié des subventions de l’Inflation Reduction Act (IRA), et sur les semi-conducteurs, dopés par les aides du Chips Act.
Ces nouveaux droits de douane concernent près d’une dizaine de secteurs industriels considérés comme « stratégiques », tels que les semi-conducteurs, les minéraux critiques, les produits médicaux ou les véhicules électriques, ces derniers voyant par exemple leurs droits de douane multipliés par quatre, passant de 25% à 100%.
Lundi, la secrétaire américaine au Trésor Janet Yellen avait souligné la nécessité de s’assurer que les investissements massifs, votés en 2022 dans le cadre du grand « plan vert » (Inflation Reduction Act, IRA) de la Maison Blanche pour soutenir ces industries, soient « protégés ».
Le gouvernement américain a notamment investi plusieurs centaines de milliards de dollars afin d’accélérer la production locale de voitures électriques, batteries, panneaux solaires ou éoliennes.
Des pratiques commerciales jugées « déloyales »
Washington accuse Pékin de soutenir fortement ces industries, avec d’importantes subventions qui entraînent une surproduction que les entreprises chinoises écoulent sur le marché mondial, cassant les prix et empêchant du même coup le développement d’industries concurrentes dans d’autres pays.
La directrice du Conseil national économique rattaché à la Maison Blanche a ainsi estimé que la Chine « finance sa croissance aux dépens des autres ». Une crainte partagée par l’Union européenne et d’autres pays tels que la Turquie, le Brésil ou l’Inde, a affirmé un autre responsable américain.
Ces droits de douane visent donc à « éliminer les pratiques commerciales déloyales, que ce soit concernant le transfert de technologies, la propriété intellectuelle ou l’innovation », a justifié la Maison Blanche dans son communiqué.
Mesures essentiellement symboliques?
Au-delà du quadruplement sur les véhicules électriques, Washington fait passer les droits de douane visant l’acier et l’aluminium de 7,5% à 25%, tout comme pour les batteries, et ceux pour les semi-conducteurs de 25% à 50%, également appliqués désormais aux panneaux solaires et certains produits médicaux.
Selon certains économistes, ces hausses douanières ne devraient pas avoir un impact direct notable sur l’inflation ou le PIB américain, mais elles ont une forte portée symbolique et pourraient renforcer et accélérer les relocalisations.
L’impact principal pour les groupes américains pourrait néanmoins concerner les droits de douane appliqués aux batteries et aux chaînes d’approvisionnement, secteurs où la Chine est ultra dominante.
World Opinions – Agences