Des appels au boycott de produits français ont été lancés dans plusieurs pays du Moyen-Orient après que le président Emmanuel Macron a promis lors de l’hommage à Samuel Paty de « ne pas renoncer » aux caricatures de Mahomet.
Des fromages Kiri et Babybel retirés des rayons au Koweit ou au Qatar, des voyages vers la France annulés… Depuis vendredi, des appels au boycott de produits français se sont répandus dans plusieurs pays du Moyen-Orient. La France a appelé dimanche les autorités des pays concernés à faire « cesser » ces appels provenant, selon elle, d’une « minorité radicale ». Paris leur demande également d’assurer la sécurité des citoyens français vivant sur leur sol.
Des produits français retirés des rayons d’un supermarché au Koweït. [Yasser al-Zayyat – AFP]
« Ces appels dénaturent les positions défendues par la France en faveur de la liberté de conscience, de la liberté d’expression, de la liberté de religion et du refus de tout appel à la haine. Ils dénaturent également et instrumentalisent à des fins politiques les propos tenus par le président de la République, visant à lutter contre l’islamisme radical, et à le faire avec les musulmans de France, qui sont partie intégrante de la société, de l’histoire et de la République françaises », précise le ministère français des Affaires étrangères dans un communiqué.
#Islamophobia #Islam #Macron #boycottfrance #ummahnetwork #IslamoPhobia_Is_Terrorism pic.twitter.com/JE8UVUCzqS
— truthseeker (@yassin43825450) October 26, 2020
Les caricatures de Mahomet en cause
Le mouvement a commencé à émerger sur les réseaux sociaux avec des mots-dièse en arabe au lendemain de l’hommage national au professeur Samuel Paty, assassiné par un islamiste après avoir montré à ses élèves des dessins de Mahomet, dans le cadre d’un cours sur la liberté d’expression. « Nous continuerons le combat pour la liberté », a assuré le président français à cette occasion, promettant de « ne pas renoncer » aux caricatures de Mahomet. C’est cette phrase qui a provoqué l’émoi, alors que les représentations du Prophète sont interdites par la religion musulmane.
La Turquie, l’Iran, la Jordanie ou encore le Koweït ont dénoncé la publication des caricatures du prophète. L’Organisation de coopération islamique, qui réunit les pays musulmans, a déploré « les propos de certains responsables français (…) susceptibles de nuire aux relations franco-musulmanes ».
Le phénomène a encore pris de l’ampleur lorsque le président turc Recep Tayyip Erdogan a interrogé samedi la « santé mentale » de son homologue français, l’appelant à « se faire soigner ». Jugeant ces propos « inadmissibles », le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a dénoncé dimanche de la part de la Turquie « une volonté d’attiser la haine » contre la France. L’ambassadeur de France en Turquie a été rappelé « pour consultation ».
Les propos du Président @RTErdogan à l’égard du Président @EmmanuelMacron sont inacceptables. Appel à la Turquie à cesser cette spirale dangereuse de confrontation.
— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) October 25, 2020
Des tweets en trois langues
Face à ces critiques, Emmanuel Macron s’est exprimé dimanche soir sur Twitter. « Notre histoire est celle de la lutte contre les tyrannies et les fanatismes. Nous continuerons », a-t-il écrit, se posant également en défenseur des principes républicains: liberté, égalité, fraternité.
La liberté, nous la chérissons ; l’égalité, nous la garantissons ; la fraternité, nous la vivons avec intensité. Rien ne nous fera reculer, jamais.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 25, 2020
Fait rare, le président français a également publié des tweets en anglais et en arabe, dans lesquels il poursuit: « Nous continuerons. Nous respectons toutes les différences dans un esprit de paix. Nous n’acceptons jamais les discours de haine et défendons le débat raisonnable. Nous continuerons. Nous nous tiendrons toujours du côté de la dignité humaine et des valeurs universelles. »
لا شيئ يجعلنا نتراجع، أبداً.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) October 25, 2020
نحترم كل أوجه الاختلاف بروح السلام. لا نقبل أبداً خطاب الحقد وندافع عن النقاش العقلاني. سنقف دوماً إلى جانب كرامة الإنسان والقيم العالمية.
Les protestations en provenance du Maghreb, de Turquie et du Moyen-Orient continuaient à affluer. Le Maroc a publié dimanche soir un communiqué dans la foulée des autres pays, condamnant « la poursuite de la publication de publications outrageuses à l’islam et au prophète ». « La liberté des uns s’arrête là où commencent la liberté et les croyances des autres », résume le ministère marocain des Affaires étrangères.
#boycottfrance
— فينا الخير (@W1zhA8RQAVTFcfS) October 26, 2020
قال وأوجز https://t.co/9mMLi7e5EH
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— truthseeker (@yassin43825450) October 26, 2020
Quant au président turc Recep Tayyip Erdogan, il a renchéri lundi matin en appelant ses concitoyens à « ne pas prêter attention aux marques françaises » dans un discours à Ankara où il a aussi comparé le traitement des musulmans en Europe à celui des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale.
World Opinions News – agences