Entre l’accord de Paris sur le climat, celui sur la biodiversité et les objectifs de développement durable, les avancées étaient loin d’être gagnées dans un contexte de multiples crises. Mais les promesses restent insuffisantes et leur mise en œuvre pose question.
L’année 2022 a-t-elle marqué un sursaut dans l’action internationale pour l’environnement ? Si la partition d’un véritable succès sera bien plus complexe à jouer, l’année s’achève en tout cas avec quelques notes positives.
A la dernière conférence mondiale sur la biodiversité (COP15), à Montréal, le 19 décembre, les pays sont parvenus à adopter un nouveau cadre global visant à enrayer l’effondrement du vivant d’ici à 2030. Quelques semaines plus tôt, son équivalent pour le climat, la COP27, accouchait en Egypte d’un accord pour créer un fonds pour les dégâts irréversibles causés par le réchauffement. Les pays ont également entamé des négociations pour élaborer un traité international juridiquement contraignant visant à mettre fin à la pollution plastique.
Dans le même temps, l’Union européenne (UE) décrochait une série d’accords pour accélérer ses baisses d’émissions de gaz à effet de serre : la réforme de son marché carbone, l’instauration d’une taxe carbone aux frontières ou encore l’arrêt de la vente de véhicules thermiques neufs en 2035. Elle s’est également accordée pour interdire l’importation de produits liés à la déforestation, tels que le soja, le bœuf ou le cacao. Outre-Atlantique, les Etats-Unis ont réussi à faire passer leur Inflation Reduction Act, un plan d’investissement colossal (environ 350 milliards d’euros), dans la transition bas carbone.
S’il réfute l’idée d’un tournant, Sébastien Treyer, directeur général de l’Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), estime que l’on est à « un moment charnière, avec des opportunités pour accélérer ». Entre l’accord de Paris sur le climat, celui sur la biodiversité et les objectifs de développement durable, « on a maintenant tous les cadres nécessaires à l’action. Les Etats n’ont plus d’excuses », ajoute Pierre Cannet, le directeur du plaidoyer du Fonds mondial pour la nature (WWF).
« Leadership partagé » avec le Sud
Ces avancées pour l’environnement étaient loin d’être gagnées dans un contexte de multiples crises (énergétique, alimentaire, de l’inflation et de la dette), et alors que la guerre en Ukraine ébranle le multilatéralisme. « Avant les COP27 et COP15, on voyait des retours de postures opposant l’Occident au Sud, avec des demandes de réparation pour la crise écologique mais aussi pour le colonialisme, note Sébastien Treyer. Il y avait un très fort risque que les inégalités de développement fassent tout capoter. »
Par Audrey Garric avec Perrine Mouterde – Le Monde