Dans la grande valse des entraîneurs de l’été dernier en Serie A, l’arrivée de Luciano Spalletti sur le banc de Naples n’avait pas focalisé l’attention. Et pourtant, « Lucio » mène la danse, au moment de retrouver dimanche San Siro et l’Inter Milan, son ex-club.
En comparaison des retours de Massimiliano Allegri à la Juventus et de José Mourinho en Italie (à la Roma), de la succession d’Antonio Conte à l’Inter confiée à Simone Inzaghi ou du pari Maurizio Sarri à la Lazio, la nomination de Spalletti avait fait moins de bruit.
Annoncée fin mai, juste après l’officialisation du départ (finalement avorté) de l’ex-coach de Naples Gennaro Gattuso à la Fiorentina, cette nomination est pourtant le joli coup du début de saison: Naples est en tête (avec l’AC Milan) et toujours invaincu à l’heure d’aller défier le champion en titre dimanche (18h00) lors de la 13e journée.
Et dire que « Lucio » semblait en semi-retraite depuis son éviction en mai 2019 de l’Inter, pour laisser la place à Antonio Conte. Une mise à l’écart mal vécue après avoir pris le club à marée basse en 2017 pour le ramener en Ligue des champions après six ans de disette. Il n’a donc pas fait de cadeaux: malgré des offres, il a préféré profiter de sa famille en continuant de percevoir jusqu’en juin dernier son salaire de l’Inter (plus de 4 millions d’euros annuels, selon la presse), en vertu d’une prolongation signée en 2018.
Bras de fer avec Totti
Durant cette parenthèse, Spalletti a eu tout le loisir de suivre à la télévision une série retraçant la fin de carrière de Francesco Totti (« Speravo de morì prima », « J’espérais mourir avant »), dans laquelle l’ex-entraîneur de la Roma apparaît comme le « méchant » qui a privé la légende des Giallorossi d’une belle sortie en le laissant régulièrement sur le banc.
Ce bras de fer avec Totti, lors de son second passage à la Roma (2016-17), lui vaut une rancune tenace des tifosi romains, qui l’ont sifflé lors de son retour à l’Olimpico il y a un mois avec Naples. Mais il en faut plus pour déstabiliser cet entraîneur d’expérience (62 ans), revenu sur le devant de la scène avec Naples.
Pour séduire la difficile Naples, il a joué la corde sensible avec les supporters – « les tifosi de Naples, ce que tu leur donnes, ils te le rendent avec les intérêts » – comme avec les joueurs. Lesquels restaient sur un immense raté: un nul à domicile lors de la dernière journée la saison dernière, qui a privé le Napoli de Ligue des champions, dépassé in extremis par la Juventus.
« La première chose qu’il nous a dite, c’est qu’il voulait trouver le problème de cette équipe parce que selon lui il n’est pas normal que nous ne gagnions pas », a confié cette semaine sur DAZN le défenseur Kalidou Koulibaly, huitième saison au pied du Vésuve.
Défense de fer
« Cela a débloqué quelque chose mentalement, si quelqu’un comme lui dit ça, c’est que nous avons des qualités », a ajouté le défenseur sénégalais, saluant aussi le fait que Spalletti ait eu « l’humilité de dire que le travail de Gattuso avait été excellent ». Conquis, aussi, l’exigeant président Aurelio De Laurentiis, dont les relations avec Gattuso étaient orageuses: « c’est quelqu’un de soigné, qui gère les choses avec fermeté et avec qui on peut parler, qui ne s’offusque pas si on lui demande quelques clarifications ».
Et surtout, « il fait jouer l’équipe très bien », s’est félicité « ADL ». Avec Spalletti, Naples reste la belle équipe offensive de la saison dernière, mais avec davantage de maîtrise du jeu et un système construit pour profiter de l’impact devant le but du Nigérian Victor Osimhen.
Mais elle est aussi devenue un roc en défense, avec seulement 4 buts encaissés en 12 journées. Cette défense de fer va toutefois passer un sacré test face à l’Inter, meilleure attaque de la Serie A (29 buts), en prélude à un mois intense qui va voir le Napoli se frotter d’ici le 19 décembre à la Lazio, l’Atalanta et Milan.
World Opinions / AFP