Il y a la désormais traditionnelle hausse des prix à la veille du mois de Ramadhan, encouragée par la spéculation et la mauvaise régulation du marché, mais cette année a été marquée par une seconde vague d’augmentations qui achève de mettre les ménages au plus mal.
«D’habitude, quelques jours après le début du mois de Ramadhan, les prix se stabilisent et marquent même parfois une légère baisse. Cette année, c’est tout le contraire. Les prix ne cessent d’augmenter», nous dit un père de famille.
En quelques jours, le prix de la pomme de terre a bondi de 50 à 90 DA, voire à 100 DA. «C’est la pomme de terre nouvelle, elle est excellente», nous dit un commerçant du marché Tnach à Alger (commune de Belouizdad) qui la vend à 90 DA/kg. Interrogé sur la hausse subite de ce légume très consommé par les Algériens, il répond : «L’on accuse souvent les commerçants de la hausse, alors que nous sommes le dernier maillon de la chaîne.»
La réaction des chalands, qui s’enquièrent des prix des légumes présentés sur les étals, s’accompagne souvent de haussements de sourcils ou de commentaires sarcastiques. Ne se laissant pas impressionner, les légumes bombent fièrement le torse : la tomate, la courgette et la carotte, indispensables à la préparation de la chorba, coûtent respectivement 160, 100 et 90 DA/kg. La laitue n’est pas cédée à moins de 150 DA, les haricots verts ne descendent pas sous la barre des 300 DA et les petits pois se sont fixés le prix de 250 DA comme seuil minimal.
Les légumes inabordables
Au rayon viandes, les prix prennent carrément l’ascenseur. Le poulet, dont la hausse a été enregistrée bien avant le Ramadhan, est vendu entre 370 et 390 Da/kg, l’escalope de dinde est à 700 Da/kg, la viande bovine est à 1400 DA/kg, les steaks sont à 1800 DA/kg, le foie de mouton à 3500 DA/kg…Advertisements
Sans doute y en a-t-il encore parmi les habitués de ce marché qui pourraient garnir leurs tables de crevettes (3600 DA/kg) ou de calamar (1500 DA/kg), mais l’étal des poissons, pourtant situé à l’entrée du marché Tnach, était hier l’un des moins fréquenté.
Il y avait néanmoins du monde au rayon des fruits secs, où les pruneaux se vendent à 900 DA/kg et les abricots secs à 1100 DA/kg. Ceux qui désirent confectionner un «lham Lahlou» devront mettre la main à la poche pour y ajouter des ananas et des kiwis séchés (2000 DA/kg).
Pour ce qui est des fruits, la banane est vendue 280 DA/kg, la fraise 420 DA/kg et les dattes 650 DA/kg.
En tout et pour tout, selon les estimations des clients sur place, il faudrait entre 6000 et 10 000 DA pour remplir son panier. «Nous sommes une famille composée de 3 personnes. Nous ne sommes pas de grands dépensiers et évitons de faire des folies, notre table reste raisonnable.
Pourtant, la moitié de mon salaire (près de 18 000 DA) a été engloutie depuis le début du Ramadhan (soit à peine 6 jours, ndlr), je n’y ai rien compris», nous dit un jeune père de famille. Un vieil homme nous regarde avec l’air résigné de celui qui en a vu d’autres. «Ces prix ne m’étonnent pas du tout, dit-il calmement. Cela fait des années que le zawali subit le diktat des commerçants mais El Dawla (l’Etat) ne réagit pas parce qu’ils ne savent pas ce que l’on subit en bas», dit-il calmement.
Il est à rappeler que dans un entretien à l’APS réalisé à la veille du Ramadhan, le ministre du Commerce, Kamel Rezig, avait déclaré que son département avait pris les mesures nécessaires pour assurer la disponibilité des produits sur les marchés nationaux durant le mois de Ramadhan, précisant que 1,6 million de tonnes de fruits et légumes, 24 000 tonnes de sucre et 25 000 tonnes d’huile devraient être mises sur le marché durant le mois sacré. S’agissant des prix des fruits et légumes, il s’est contenté de préciser que «les prix des produits hors saison sont plus élevés que ceux de saison de récolte».
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