D’après la presse espagnole, l’Algérie a suspendu sans délai les rapatriements de ses ressortissants arrivés illégalement en Espagne par la mer Méditerranée. Une décision qui intervient quelques jours après le changement radical de position de Madrid sur le dossier sensible du Sahara occidental, soutenu par Alger.
L’Algérie est en colère et elle le fait savoir. Après le rappel de son ambassadeur en poste à Madrid et la suspension des liaisons aériennes d’Air Algérie vers l’Espagne, Alger a suspendu « sine die » (sans délai) tous les rapatriements de ses ressortissants arrivés sur le territoire espagnol après avoir traversé la Méditerranée. D’après le journal El Confidencial, qui cite des sources officielles algériennes, cette décision est liée au changement de position de l’Espagne sur la question du Sahara occidental.
Vendredi 19 mars, Madrid a en effet soutenu pour la première fois publiquement la position des autorités marocaines sur ce dossier. « L’Espagne considère que l’initiative d’autonomie présentée en 2007 (par le Maroc) est la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend » entre Rabat et les indépendantistes du Front Polisario, a déclaré devant la presse à Barcelone le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares.
Quatre jours plus tard, un vol transportant une vingtaine de migrants marocains décollait des îles espagnoles des Canaries, direction Laâyoune, principale ville du Sahara occidental. Alors même que les vols de rapatriement des exilés marocains étaient suspendus depuis avril 2021.
Des ferries de rapatriement
Avec le revirement espagnol, un « virage inexplicable » pour le gouvernement algérien, principal soutien du Front Polisario, c’est donc un véritable changement qui s’annonce pour les exilés. Jusqu’ici, de nombreux harragas [migrants, en français] ont été rapatriés en Algérie, après avoir été expulsés d’Espagne. Ces expulsions étaient notamment assurés par des ferries de la compagnie Trasmediterranea.
Le 25 novembre, un bateau avec à son bord 30 personnes avait quitté Almeria, direction Oran. Tous avaient été détenus au centre de détention pour étrangers (CIE) de Barcelone. Trois jours plus tôt, un autre navire avait reconduit 88 personnes. Pour le seul mois de novembre, 304 Algériens au total avaient été ramenés dans leur pays par les autorités espagnoles.
D’après le quotidien El Pais, c’est en août dernier que le ministère espagnol de l’Intérieur a en urgence signé un contrat avec Trasmediterranea. En cause : les arrivées, de plus en plus nombreuses, d’Algériens sur les côtés andalouses. En 2021, près de 10 000 Algériens au total sont entrés clandestinement en Espagne, soit 20 % de plus qu’il y a un an, d’après les autorités espagnoles.
Cet hiver, malgré des conditions météo moins favorables aux traversées, de nombreux petits bateaux à moteur ont continué de prendre la mer depuis les côtes algériennes. D’après Francisco José Clemente, fondateur de l’ONG Heroes del Mar, un énième bateau a fait naufrage peu de temps après son départ de Ghazaouet, le 11 mars dernier. À l’intérieur, huit personnes. D’après lui, cinq cadavres ont depuis été retrouvés côté algérien.
World Opinions – Info Migrants