Raphaël Jacoulot s’attache à un homme, incarné par Jalil Lespert, obsédé par l’idée de devenir père, au détriment des personnages féminins, et accumule les clichés.
Avec sa femme Noémie, qu’il connaît depuis l’adolescence, François a repris la scierie familiale. Quand une énième tentative pour avoir un enfant échoue, Noémie le convainc de se lancer dans une procédure d’adoption. Mais alors que des tensions naissent dans son couple et que la scierie s’endette, François rencontre Patricia, qui vient de s’installer près de chez lui avec son mari et leurs filles…
Mariés depuis quinze ans, François (Jalil Lespert) et Noémie (Mélanie Doutey) dirigent ensemble une scierie dans le Jura. L’entente est parfaite, le cadre de vie idyllique, mais le couple s’épuise à essayer d’avoir son premier enfant. Lorsque leur dernière tentative échoue, Noémie, épuisée, envisage l’adoption, mais François ne s’y fait pas : il rêve d’un enfant à lui. C’est à peine un hasard s’il rencontre au même moment Patricia (Louise Bourgoin), une femme splendide venue s’installer dans la région avec sa famille. La suite, c’est l’éternel dilemme d’un homme pris entre le mariage et la passion, la réalité et le rêve.
L’Enfant rêvé prend d’abord les atours d’un beau mélodrame à la facture classique, servi par la prestation impeccable de son trio d’acteurs : chacun(e) semble défendre du mieux qu’il (elle) peut son personnage. Sauf que le film glisse sans crier gare vers une pente des plus désagréables.
Logique obsessionnelle
Il faut s’en référer au titre, qui est affaire d’obsession : François ne pense qu’à une chose, avoir un bébé à lui. Le reste ne compte pas. A ce titre, Jalil Lespert incarne parfaitement cette figure d’homme rentré, bouleversé, mais qui n’a jamais appris à communiquer. Le problème est sans doute que le cinéaste épouse sa logique obsessionnelle plutôt que de l’observer à bonne distance, comme un être qui se perd tragiquement dans l’erreur et qui n’arrive plus à regarder les deux femmes de sa vie.
En adoptant cette posture, Raphaël Jacoulot condamne tous les autres personnages (et plus particulièrement les femmes) à n’être plus que des spectres qui tournent autour de lui, des clichés éculés, des obstacles qui se mettent entre l’homme et son rêve d’enfant.
Alors le film s’embourbe dans des erreurs d’un autre temps : Noémie et Patricia apparaissent comme les deux faces d’un même cliché, sans aucune profondeur et seulement définies par leur capacité ou incapacité à procréer.
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