Tour de France 2024 : Tadej Pogacar, un doublé historique, une revanche et d’inévitables doutes.. Vidéo

Le Slovène, déjà vainqueur du Giro en mai, s’est adjugé le Tour de France, dimanche. Un doublé jamais réalisé depuis 1998, et qui le place largement au-dessus du reste du peloton actuel.

C’est l’histoire d’un jeune requin, tout de jaune vêtu, dont seul l’aileron dépasse du casque, et qui a dévoré toutes ses proies les unes après les autres. Tadej Pogacar a remporté son troisième Tour de France, dimanche 21 juillet, après les éditions 2020 et 2021. Une victoire avec plus de six minutes d’avance sur son dauphin Jonas Vingegaard, qui le place au même niveau que Louison Bobet ou Greg LeMond, et à une unité de Christopher Froome.

A seulement 25 ans, Tadej Pogacar a en plus réalisé un exploit que l’on pensait désormais impossible : remporter la même année le Giro et le Tour, espacés seulement de deux mois. Avant lui, ils n’étaient que sept à l’avoir réussi, et le dernier était Marco Pantani, en 1998.

Une éternité et une autre époque balayées par le Slovène presque sans férir : six victoires d’étape en Italie, six encore en France, et une impression de domination irrésistible, là où les autres semblent avoir fini exsangues. « Avoir le maillot jaune, même sans gagner d’étape, aurait suffi à mon bonheur. Alors en avoir déjà cinq dans la poche, c’est plus que j’aurais pu rêver », a rappelé le Slovène samedi.

Cet hiver, le zébulon de Klanec a modifié en profondeur son programme pour adapter son corps à l’enchaînement des deux Grands Tours« J’ai corrigé des choses. Je n’ai pas recommencé l’entraînement en novembre avec les longues sorties, j’ai plus couru à pied, fait de l’entraînement physio. Je n’étais pas en super condition au camp d’entraînement de décembre. Mais tout s’est déroulé sans anicroche jusqu’au Tour de France, je n’ai eu ni mauvaise journée ni malchance », expliquait le maillot jaune vendredi.

« J’ai visé mon pic de forme pour le Giro, et il s’est avéré être un bon entraînement pour le Tour de France. »Tadej Pogacar, triple vainqueur de la Grande Boucle

en conférence de presse, le 19 juillet 2024

Le Slovène, qui aura porté un maillot de leader 39 jours cette année, record absolu, aura paru sûr de sa force, sans faiblesse visible au contraire des années précédentes. Et ses performances ont fait osciller les observateurs entre admiration et stupéfaction. « Que dire, que dire… Il ne joue pas dans la même catégorie que beaucoup d’autres dans le peloton. Il fait un Tour d’Italie bluffant, on se disait qu’il y aurait une concurrence plus âpre sur le Tour de France mais on s’aperçoit qu’il finit avec la même aisance », constatait samedi matin Stéphane Heulot, manager de Lotto-Dstny.

40% de victoires en 2024

Avec désormais 17 victoires d’étape, il est déjà le huitième coureur le plus prolifique de l’histoire de la Grande Boucle. Cette année, il compte 21 victoires en 52 jours de course, soit un pourcentage exceptionnel de 40% de victoires. Le nouveau « Cannibale », carnassier sans pitié avec ses adversaires et surtout avec Jonas Vingegaard, avait également une revanche à prendre, même si lui se garde d’employer ce mot.

Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) est revenu sur sa quatrième victoire d'étape sur le Tour de France 2024.
Étape 19 – Tadej Pogacar : « Les deux dernières années m’ont donné beaucoup de motivation »Tadej Pogacar (UAE Team Emirates) est revenu sur sa quatrième victoire d’étape sur le Tour de France 2024.

Essoré par le Danois les deux dernières années, le Slovène avait dû s’avouer vaincu. L’an passé, il avait en plus pâti de sa chute à Liège-Bastogne-Liège. « J’ai eu seulement une journée difficile en 2022, et ça ma coûté la victoire. L’année dernière, la raison de ma défaite était ma chute, je n’ai commencé à rouler que le 25 ou le 26 mai. La réalité, c’est que je n’étais prêt ni physiquement ni mentalement », expliquait le Slovène vendredi.

Prêt cette fois à 100%, au contraire du Danois, par ailleurs d’un niveau exceptionnel compte tenu de sa chute sur le tour du pays Basque, le Slovène n’a pas fait d’états d’âme. Il a éparpillé la concurrence dès la quatrième étape, et n’a jamais joué au grand seigneur pour faire passer la pilule à ses rivaux.

« C’est le meilleur Tadej Pogacar et le meilleur coureur que j’ai vu de ma carrière. »Joxean Fernandez Matxin, directeur sportif Team UAE-Emirates

à franceinfo: sport

« Tadej Pogacar est le meilleur, bravo à lui. Nous faisons partie des chanceux qui ont pu prendre une étape, car sinon il ne laisse pas grand-chose aux autres. C’est son choix, bien sûr. Mais je ne sais pas si ça contribue à sa popularité », grinçait Merijn Zeeman, le directeur sportif de Jonas Vingegaard, à HLN samedi soir. « Jonas n’est probablement pas dans une condition idéale. C’est un peu comme Tadej l’année passée, il a un peu de fatigue et de la difficulté à récupérer des efforts », constatait de son côté le manager du Slovène, Mauro Gianetti, la veille.

Tadej Pogacar, lui, n’avait comme d’habitude que des bons mots pour son dauphin, mais aussi pour Remco Evenepoel, en qui il a découvert un allié pour tenter des offensives lointaines. « J’ai une tonne de respect pour Vingegaard, Roglic, et Evenepoel. Nous vivons un âge d’or du cyclisme, j’aime cette bataille permanente entre nous, j’aime même regarder les courses auxquelles je ne participe pas. Je crois pouvoir dire que toutes les courses de l’époque actuelle sont belles à voir », souligne le Slovène.

Une telle domination ne peut cependant pas aller sans son lot de doutes qui font ressurgir l’ectoplasme de la tricherie, comme pour chaque vainqueur de la Grande Boucle : Chris Froome lors des années Sky, Tadej Pogacar déjà en 2021, puis Jonas Vingegaard les deux dernières années. L’épisode du monoxyde de carbone a lui encore agrandi le nuage du soupçon.

Plus que l’impression visuelle, ce sont aussi les chiffres de montée qui ont interpellé. Au Plateau de Beille, le trio du podium a balayé le temps de Marco Pantani en 1998. « Oui, c’est normal de douter, il faut laisser la lumière allumée. Emmanuel Kant a dit cette phrase : ‘Le plus grand tribunal que l’homme a au plus profond de lui-même est sa conscience’. Il faut que ces gens aient leur conscience », prévient Jean-René Bernaudeau, le manager de TotalEnergies. 

« Je suis un petit peu mieux que ma version précédente, je suis plus expérimenté, je ne fais plus beaucoup d’erreurs. J’ai eu le sentiment d’être la meilleure version de moi-même. »

Tadej Pogacar.. en conférence de presse

Reste que Tadej Pogacar ne sort pas de nulle part, et a connu un progression fulgurante mais anticipée. De quoi lui laisser l’indispensable présomption d’innocence. « Pour moi, Pogacar et Vingegaard sont des phénomènes comme il y en a tous les 10, 15 ou 20 ans. Il ne faut pas se poser de questions, je sais le travail qu’ils effectuent. C’est physiologique : on peut faire le même travail, on n’aura pas les mêmes résultats », constatait de son côté Julien Jurdie, directeur sportif chez Decathlon-AG2R La Mondiale.

Un triplé historique sur la Vuelta ?

Que lui reste-il désormais ? Aller chercher une quatrième victoire sur le Tour l’an prochain, dans un duel où les deux rivaux seraient à 100%. Mais avant, peut-il envisager un improbable triplé en remportant le Tour d’Espagne, ce que personne n’a jamais réussi sur une année civile ? « Cette année, il n’y a pas 100 mais 99% de chances que je ne sois pas à la Vuelta », glissait-il lundi dernier. 

Mais Tadej Pogacar l’a répété : il aime marquer l’histoire. Et l’occasion ne se représentera peut-être jamais. La probabilité qu’il y soit est faible, mais la probabilité qu’il la gagne est grande. « Je ne vois pas ce qui pourrait l’en empêcher en tout cas. Je n’ai pas le sentiment qu’il finit dans un état de fatigue très avancé. C’est probablement un des plus grands talents de cette dernière génération », conclut Stéphane Heulot.

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