Reprise des vols commerciaux directs entre la Turquie et l’Arménie

Les premiers vols commerciaux depuis deux ans ont repris mercredi entre la Turquie et l’Arménie, qui ont récemment entamé des contacts directs devant mener à la normalisation de leurs relations. Fermée depuis 1993, la frontière terrestre entre les deux pays, qui entretiennent une longue histoire conflictuelle, reste close.

Les premiers vols commerciaux depuis deux ans ont repris, mercredi 2 février, entre l’Arménie et la Turquie, qui s’engagent actuellement vers une normalisation de leurs relations.

Un premier appareil de la compagnie moldave à bas prix FlyOne, qui dispose d’une filiale en Arménie, s’est posé sous la pluie en début de soirée à l’aéroport d’Istanbul International en provenance d’Erevan, selon l’agence de presse turque Anadolu.

« Je vois l’Arménie et la Turquie comme des frères : une partie de notre famille est ici et l’autre est en Arménie », a confié le passager turc Sezar Yilidirm avant d’embarquer à Istanbul.

Narin Ayvazian, une Arménienne vivant en Turquie, a ajouté : « Je suis sûre que d’autres bonnes choses suivront, si Dieu le veut. »

Aram Ananyan, le patron de FlyOne pour l’Arménie, a remercié les autorités turques et salué les responsables de l’aéroport qui « ont accueilli les premiers passagers avec des fleurs et des chocolats », selon Anadolu.

Un peu plus tard dans la soirée, à 23 h 40 (20 h 40 GMT), un avion de la compagnie turque Pegasus a décollé à destination de la capitale arménienne avec une centaine de passagers à son bord à partir de l’autre aéroport stambouliote, Sabiha Gokçen, situé sur la rive asiatique, a constaté l’AFP.

L’arrivée comme le départ des passagers de ces premiers vols ont été abondamment suivis par les médias turcs, signe de l’intérêt porté à la reprise des relations entre les deux pays.

« Maintenir les liens »

La liaison avec Erevan est une première pour Pegasus, qui mise sur trois rotations par semaine, a dit à l’AFP une porte-parole – refusant d’être nommée. FlyOne prévoit également deux allers-retours hebdomadaires entre la capitale arménienne et Istanbul, avait précédemment déclaré son patron à l’AFP.

Aram Ananyan souligne que « ces vols sont importants pour maintenir les liens entre la communauté arménienne d’Istanbul et l’Arménie ».

La quasi-totalité de la communauté arménienne de Turquie – 50 000 à 70 000 personnes selon  les estimations – est installée dans cette mégapole située sur le Bosphore.

Les vols entre les deux pays étaient interrompus depuis début 2020 et le dépôt de bilan de la compagnie turque à bas prix Atlasglobal, qui assurait plusieurs liaisons hebdomadaires. Les voyageurs devaient en conséquence transiter par la Géorgie pour se rendre de Turquie en Arménie.

« C’est bien sûr une bonne nouvelle, mais ce n’est que le retour à une situation antérieure (…) L’implication de Pegasus, une compagnie régulière turque – et pas seulement de charters – est positive mais pas révolutionnaire », a tempéré Thomas De Waal, un chercheur au centre de réflexion Carnegie Europe interrogé par l’AFP.

« Saluons cette étape, mais sans lui accorder trop de signification politique », a-t-il estimé.

La frontière terrestre entre la Turquie et l’Arménie reste en revanche fermée depuis 1993, obligeant les camions à transiter par la Géorgie ou l’Iran.

La Turquie et l’Arménie ont récemment entamé des contacts directs devant mener à la normalisation de leurs relations par la désignation, puis la rencontre à Moscou, le 14 janvier, de leurs envoyés spéciaux, Serdar Kiliç côté turc, et Ruben Rubinyan pour l’Arménie.

Les relations entre ces deux pays ont une longue histoire conflictuelle depuis le génocide de plus d’un million d’Arméniens en 1915, ravivé depuis 1993 par le conflit du Haut-Karabakh entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, allié d’Ankara.

La Turquie refuse de reconnaître le génocide des Arméniens, du temps de l’Empire Ottoman, et évoque des « massacres des deux côtés ».

Mais les autorités arméniennes ont accepté de mettre la question de côté pour favoriser la normalisation des relations.

Les tensions récentes ont été surtout attisées par le soutien de la Turquie à l’Azerbaïdjan dans la guerre du Haut-Karabakh, avant l’accord trouvé fin 2020 sous l’égide de Moscou après une nouvelle flambée des hostilités.

Dans un entretien télévisé fin décembre, le chef de la diplomatie turque, Mevlüt Cavusoglu, avait salué les efforts de l’Arménie et ses « bonnes intentions ».

World Opinions / AFP

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