Cinéma. « La dernière reine », magnifique fresque historique dans l’Alger de 1516.. Vidéo

Avec « La dernière reine », dont l’action se situe au XVIe siècle en Algérie, le cinéaste Damien Ounouri cosigne une oeuvre ample, splendide et spectaculaire portée par une dimension anticolonialiste et féministe.

En 1516 en Algérie, le pirate Aroudj Barberousse libère Alger de la tyrannie des Espagnols et prend le pouvoir sur le royaume. Selon la rumeur, il aurait assassiné le roi Salim Toumi, malgré leur alliance. Contre toute attente, une femme va lui tenir tête: la reine Zaphira. Entre histoire et légende, le parcours de cette femme raconte un combat, des bouleversements personnels et politiques endurés pour le bien d’Alger.

Si la véritable histoire de Zaphira, l’épouse du roi, oscille entre légende et réalité, elle marque depuis toujours l’imaginaire des Algériens. Au fil des siècles, ce personnage fut contesté puis soutenu par les historiens. Lui consacrer un film a permis aux deux réalisateurs, Adila Bendimerad et Damien Ounouri, de mettre l’accent sur l’invisibilité des femmes dans l’histoire, en particulier à une époque peu représentée de l’histoire algérienne.

>> A voir: la bande-annonce de « La dernière reine »

Faire renaître un pan de l’histoire

Cette reconstitution ample, intime et impressionnante ne cache pas sa dimension anticolonialiste et féministe. « Retourner dans cette époque, en 1500, permettait de faire resurgir un monde englouti, explique à la RTS Damien Ounouri, l’un des co-réalisateur. Il y a l’effacement historique de la grande histoire, notamment par la période coloniale française. Et il y a aussi l’effacement des femmes.(…) Le personnage de cette reine contestée ou soutenue selon les historiens devenait un véhicule pour parler d’Alger au XVIe siècle ».

« La dernière reine » s’impose comme une sorte d’exception dans le cinéma d’Afrique du Nord. Car en dehors du film « Le destin » de l’Egyptien Youssef Chahine (1997), dont l’action se situe au XVIIe siècle, les films d’époque dans cette région sont inexistants. Les deux co-réalisateurs de « La dernière reine » ont endossé cette responsabilité avec rigueur, en prenant soin de chaque détail.

Initié en 2020, le tournage du film a été arrêté après deux jours seulement en raison de la pandémie. Il a failli ne jamais reprendre pour des raisons financières. Diffusé dans les cinémas français en avril et depuis le 14 juin en Suisse romande, des doutes ont longtemps plané sur la sortie du film en Algérie. Montrer le côté cosmopolite de l’Alger de l’époque n’allait pas de soi. Mais finalement, « La dernière reine » peut être vu sur grand écran en Algérie depuis le 23 juin.

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