Séries. L’enlèvement et la mort d’Aldo Moro au coeur de la série « Esterno Notte ».. Vidéo

Dans Esterno notte, mini-série d’une puissance effroyable, Marco Bellocchio revient sur une affaire qui reste un traumatisme prégnant en Italie.

Réalisée par le cinéaste Marco Bellocchio, « Esterno Notte » revient sur un épisode marquant des années de plomb en Italie: l’enlèvement et l’assassinat de l’ancien chef du gouvernement italien Aldo Moro par les Brigades rouges. Un chef d’oeuvre à découvrir sur arte.tv.

Le 16 mars 1978, Aldo Moro, alors président de la Démocratie chrétienne, est enlevé par les Brigades rouges. En état de choc, le gouvernement italien se retrouve face à un dilemme: faut-il accepter la négociation avec le groupe terroriste, au risque de mettre en péril la démocratie, ou ne rien céder et prendre le risque d’une mise à mort de l’homme politique?

« Esterno Notte » de Marco Bellocchio, épisode 1 avec Fabrizio Gifuni dans le rôle d’Aldo Moro

Avec la série « Esterno Notte », le cinéaste italien Marco Bellocchio revisite un traumatisme national situé à la fin des années de plomb. Une période qui prend place de la fin des années 1960 au début des années 1980, marquée par une tension politique extrême, le développement de la lutte armée, les violences de rue et une succession d’actes terroristes dramatiques.

On peut citer par exemple l’attentat néo-fasciste de la Piazza Fontana à Milan en 1969, l’attentat contre le train Naples-Milan en 1984, sans oublier celui de la gare de Bologne en 1980, également perpétré par les néo-fascistes.

Le rôle des Brigades rouges

Mais l’extrême droite n’est pas la seule impliquée. De nombreuses organisations d’extrême gauche, dont les Brigades rouges, alimentent la tension et la terreur durant cette période.

« Esterno Notte » (« Extérieur nuit ») revient précisément sur un des épisodes les plus marquants de cette époque tragique: l’affaire Aldo Moro. La série tire son nom d’une double référence au cinéma. D’abord car « extérieur nuit » désigne une scène filmée en dehors d’un studio et de nuit. Ensuite car ce nom fait référence au titre du film de Marco Bellocchio, « Buongiorno, Notte » sorti en 2003, qui raconte la vie de Chiara, jeune terroriste engagée dans la lutte armée impliquée dans l’enlèvement et la séquestration d’Aldo Moro. De plus en plus mal à l’aise dans son rôle de combattante, elle se retrouve en conflit avec les autres membres des Brigades rouges, tandis que le passé et le présent ébranlent ses certitudes jusqu’au drame final.

Vingt ans plus tard, le même Marco Bellocchio, 83 ans, revient donc sur le sujet car, comme il l’a confié dans la presse, « La mort d’Aldo Moro est une blessure qui n’a pas cicatrisé ». Mais cette fois, son approche est différente et sa vision confère à la série un statut de chef-d’œuvre.

Les personnages au centre

Si le film de 2003 était centré sur l’enfermement, sur les rapports entre une victime et son bourreau en laissant autant la place à une sorte de romantisme qu’à la complexité de la révolution et des rituels de la clandestinité, Bellocchio choisit cette fois le parti pris de l’extérieur, dans une capitale italienne qu’il montre comme une ville en guerre. Dans chaque épisode, sauf dans le dernier, il suit un personnage central très fortement impliqué dans l’enlèvement du chef de la Démocratie chrétienne, parti au pouvoir en Italie à l’époque.

Interprété par Fabrizio Gifuni, Aldo Moro est au centre de toute la série et plus particulièrement du premier épisode, dans lequel il présente sa vision de la politique italienne, tolérante et ouverte, et qui s’achève par son enlèvement. Le sixième et dernier épisode, dédié à sa mort, lui est également consacré.

L’implication du pape

Dans le troisième épisode, c’est le pape Paul VI (Toni Servillo) qui est scruté par Bellocchio. Le pontife s’était en effet fortement impliqué dans cette affaire. Dans une lettre envoyée à tous les journaux nationaux d’Italie le 21 avril, Paul VI implorait personnellement et publiquement la libération « sans condition » de son cher ami Aldo Moro. Bellocchio évoque aussi des tractations secrètes entre les Brigades rouges et le pape pour libérer Moro afin de se substituer au gouvernement impuissant. Le fiasco sera pourtant le même.               

« Esterno Notte » n’est toutefois pas un documentaire. Même si cet aspect est présent, notamment au travers d’images d’archive, il s’agit bel et bien d’une fiction. Pour preuve la scène d’ouverture, qui montre l’arrivée d’Aldo Moro dans un hôpital, vivant et libéré par les Brigades rouges, un Aldo Moro épuisé, mais qui juge ses pairs d’un regard terrible dans un silence de mort. Bellocchio manie la fiction avec le talent de conteur qu’on lui connaît, de métaphores en symboles, avec un style cinématographique et une image que l’on croise très rarement dans une série.

Avec une distribution exemplaire au-delà de toutes louanges, « Esterno Notte » est un chef-d’œuvre.

C’est quoi, Esterno Notte ? En 1978, l’organisation armée d’extrême gauche des Brigades rouges mène une véritable guerre terroriste contre l’État italien. Président du conseil et président des Chrétiens démocrates, Aldo Moro (Fabrizio Gifuni) a pourtant réussi à instaurer un accord qui pourrait changer la donne : un gouvernement d’union nationale entre son parti et le parti communiste. Mais le 16 Mars, Moro est enlevé en pleine rue  par un commando des Brigades rouges. Il sera séquestré durant cinquante-cinq jours. Cinquante-cinq jours  d’espoir, de peur, de négociations, de manigances politiques… et de trahison. Cinquante-cinq jours au terme desquels son cadavre sera retrouvé dans le coffre d’une voiture, en plein cœur de Rome. 

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