L’euro atteint brièvement la parité avec le dollar, du jamais vu depuis 2002

Plombé par le risque d’une coupure des approvisionnements russes en gaz pour l’économie européenne, l’euro est brièvement tombé à un dollar mardi. Ce seuil n’avait jamais été atteint depuis 2002, l’année de sa mise en circulation.

Les investisseurs privilégiant le dollar, valeur refuge, celui-ci a gagné près de 14% depuis le début de l’année face à l’euro et s’est brièvement échangé à un dollar pour un euro mardi en fin de matinée. Ensuite, l’euro est très légèrement remonté et s’échangeait vers 12h10 pour 1,0024 dollar.

Vers 16h30, l’euro se stabilisait face au billet vert à 1,0050 dollar, en hausse de 0,10%. Un répit qui ne devrait pas durer: plusieurs analystes s’attendent à ce que l’euro passe sous le cap de un dollar, ce qui n’a plus été vu depuis décembre 2002, quand les interrogations sur la toute nouvelle monnaie unique pesaient sur son cours.

Le marché s’inquiète d’une crise énergétique majeure sur le Vieux continent, doutant du rétablissement par la Russie des flux de gaz après une interruption pour maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1. Cette situation accentue les craintes de récession en Europe.

L’énergie russe « au coeur de la tourmente »

L’énergie en provenance de Russie « est au coeur de la tourmente en Europe » et l’annonce par le Canada samedi qu’il restituerait à l’Allemagne des turbines destinées au gazoduc Nord Stream pour atténuer la crise énergétique avec la Russie « est sans impact positif », commente Jeffrey Halley, analyste chez Oanda.

Lundi, le géant russe de l’énergie Gazprom a entamé dix jours de maintenance sur le gazoduc Nord Stream 1. L’Allemagne et d’autres pays européens attendent de voir si la livraison de gaz sera rétablie.

« La question clé est de savoir si le gaz reviendra après le 21 juillet. Les marchés semblent avoir déjà pris leur décision », note Jeffrey Halley.

Le spectre d’une récession en Europe

Pour Mark Haefele, analyste chez UBS, un arrêt des livraisons russes de gaz en Europe « causerait une récession dans toute la zone euro avec trois trimestres consécutifs de contraction de l’économie ».

La Banque centrale européenne (BCE) aura donc du mal à resserrer sa politique monétaire pour lutter contre l’inflation galopante sans aggraver la situation économique.

La Réserve fédérale américaine (Fed), elle, a plus de marge de manoeuvre pour poursuivre ses hausses des taux, les chiffres de l’emploi publiés vendredi dernier ayant montré que l’économie des Etats-Unis résiste pour l’instant mieux.

Mercredi, les données sur l’inflation en France, en Allemagne et aux Etats-Unis pourraient nourrir les inquiétudes des investisseurs sur une divergence des économies des deux côtés de l’Atlantique. « Si l’inflation américaine est plus forte que le marché ne le prévoit, cela pourrait profiter au dollar », les investisseurs pariant que la Fed va devoir agir encore plus vite pour remonter ses taux, estime Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com.

Au plus bas aussi face au franc

L’euro est également en difficulté face au franc suisse, autre valeur refuge traditionnelle: il a reculé à 0,9836 franc suisse, un plus bas depuis 2015.

World Opinions – agences

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