Le Conseil de l’Europe s’inquiète de l’usage de la force contre les manifestants en France

La commissaire aux droits de l’Homme du Conseil de l’Europe Dunja Mijatovic s’est alarmée vendredi d’un « usage excessif de la force » envers les manifestants contre la réforme des retraites. Elle a appelé la France à respecter le droit de manifester. D’autres voix dénoncent des « violences policières ».

« Des incidents violents ont eu lieu, parmi lesquels certains ont visé les forces de l’ordre », a déclaré la commissaire dans un communiqué. « Mais les actes de violence sporadiques de certains manifestants ou d’autres actes répréhensibles commis par d’autres personnes au cours d’une manifestation ne sauraient justifier l’usage excessif de la force par les agents de l’Etat. Ces actes ne suffisent pas non plus à priver les manifestants pacifiques de la jouissance du droit à la liberté de réunion », a-t-elle poursuivi.

« Il appartient aux autorités de permettre l’exercice effectif de ces libertés, en protégeant les manifestants pacifiques et les journalistes couvrant ces manifestations contre les violences policières et contre les individus violents agissant dans ou en marge des cortèges », a-t-elle insisté.

Violences dénoncées

Ces derniers jours, des syndicats d’avocats et de magistrats ainsi que des politiciens de gauche ont dénoncé des violences policières lors des manifestations contre la réforme des retraites.

L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a appelé vendredi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin à « mettre fin aux violences policières contre les journalistes ».

Propos de Gérald Darmanin contestés

Dunja Mijatovic s’est par ailleurs inquiétée de l’interpellation et du placement en garde à vue de certains manifestants et de personnes se trouvant aux abords des manifestations, s’interrogeant sur « la nécessité et la proportionnalité des mesures dont elles ont fait l’objet ».

Dunja Mijatovic, commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, en 2021 [Aleksandra Szmigiel - Reuters]Dunja Mijatovic, commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe, en 2021 [Aleksandra Szmigiel – Reuters]

« Le défaut de déclaration d’une manifestation n’est pas suffisant en soi pour justifier une atteinte au droit à la liberté de réunion pacifique des manifestants, ni une sanction pénale infligée aux participants à une telle manifestation », a-t-elle relevé, en référence aux propos de Gérald Darmanin.

Ouvertures d’enquêtes

Le ministre de l’Intérieur avait déclaré mardi que la participation à une « manifestation non déclarée » constitue un « délit » qui « mérite » une interpellation.

Gérald Darmanin a annoncé par ailleurs vendredi l’ouverture de 11 enquêtes judiciaires sur des violences policières présumées depuis une semaine dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites.

World Opinions – Agences

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