
Les frappes israéliennes ayant ciblé des membres du Hamas au Qatar la semaine dernière visaient à faire dérailler les négociations sur Gaza, a accusé lundi 15 septembre l’émir du Qatar, à l’ouverture d’un sommet exceptionnel des dirigeants arabes et musulmans organisé en réponse à cette attaque sans précédent.
Les dirigeants arabes et musulmans réunis en sommet à Doha ont appelé, lundi, à « revoir les relations diplomatiques et économiques avec Israël » après l’attaque israélienne ayant ciblé des responsables du Hamas palestinien au Qatar la semaine dernière, selon un projet de communiqué consulté par l’Agence France-Presse. Selon le texte, ce sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), exhorte également tous les Etats « à engager des poursuites à [l’]encontre » d’Israël.
Ce sommet conjoint de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené à Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.
« Celui qui œuvre avec persistance et méthodologie à assassiner la partie avec laquelle il négocie, entend faire échouer les négociations. […] Les négociations, pour lui, ne sont qu’une partie de la guerre », a déclaré Cheikh Tamim ben Hamas Al-Thani, dans son discours d’ouverture.
Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou « rêve que la région arabe devienne une sphère d’influence israélienne. Et c’est une dangereuse illusion », a-t-il poursuivi devant les leaders arabes et musulmans réunis à Doha, parmi lesquels les présidents palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les premiers ministres irakien et pakistanais, le roi de Jordanie et le prince héritier saoudien.
Le président turc Recep Tayyeb Erdogan a de son côté accusé le gouvernement israélien de vouloir « poursuivre les massacres et le génocide en Palestine tout en déstabilisant la région ».
Selon le projet de déclaration finale consulté par l’AFP, la cinquantaine de pays représentés devraient dénoncer l’attaque israélienne en soulignant qu’elle mettait en péril les efforts de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.
Israël et les États-Unis, son principal allié, cherchent à étendre les accords d’Abraham qui ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, reconnaître Israël en 2020.
« Pas que des discours »
L’attaque israélienne et « la poursuite des pratiques agressives d’Israël, notamment les crimes de génocide, le nettoyage ethnique, la famine et le blocus, ainsi que les activités de colonisation et d’expansion minent les perspectives de paix et de coexistence pacifique dans la région », affirme le texte.
Elles « menacent tout ce qui a été accompli sur la voie de l’établissement de relations normales avec Israël, y compris les accords existants et futurs », ajoute-t-il.
Le projet souligne également « le concept de sécurité collective […] et la nécessité de s’aligner pour faire face aux défis et menaces communs ».
Avant l’ouverture du sommet, le président iranien Massoud Pezeshkian a exhorté les pays musulmans à rompre « leurs liens avec ce régime factice », en référence à Israël.
L’attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations dans la communauté internationale, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington. Ainsi qu’une rare réprobation des États-Unis, allié numéro un d’Israël, mais également un proche allié du Qatar.
Le secrétaire d’État américain Marco Rubio est en ce moment en visite à Jérusalem – un voyage prévu avant les frappes sur le Qatar –, pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d’un État palestinien, lors de l’Assemblée générale de l’ONU à la fin du mois.

Près de 320 000 habitants auraient quitté la partie nord de Gaza, selon l’armée israélienne
Près de 320 000 habitants de la partie nord de Gaza, notamment la ville de Gaza, auraient quitté la zone, selon une estimation donnée à la presse, lundi, par un officiel de l’armée israélienne, qui a requis l’anonymat, au cours d’une conférence de presse en ligne.
Le gouvernement israélien fait pression, depuis plusieurs semaines, pour organiser le déplacement forcé de la population afin de conduire des opérations militaires d’ampleur et occuper la ville, présentée comme un bastion du Hamas.
L’armée a multiplié les avertissements aux habitants pour qu’ils quittent la ville de Gaza, où vivent près d’un million de personnes, dont une partie de familles déplacées à de nombreuses reprises depuis vingt-trois mois. De nombreuses frappes ont visé des immeubles de grande hauteur ces dernières semaines.
Ces déplacements forcés sont vivement critiqués par les ONG et les agences internationales. Les chiffres avancés par l’armée israélienne ne sont toutefois pas vérifiables, l’Etat d’Israël interdisant aux journalistes étrangers de se rendre dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023.

World Opinions + Agences