Redistribution. En Malaisie, l’idée d’un budget d’État “Robin des Bois” fait débat

Fraîchement élu, le Premier ministre, Anwar Ibrahim, a annoncé que les “super riches” devraient contribuer davantage au financement d’un budget 2023 censé prioriser l’aide aux classes les plus précaires.

“Comme les revenus et les richesses sont concentrés dans les classes supérieures et l’élite aisée, il est approprié que la redistribution se concentre sur les pauvres et la classe moyenne.” En prononçant ces quelques phrases, Anwar Ibrahim, qui jouit depuis novembre dernier de la double casquette de Premier ministre et de ministre des Finances de la Malaisie, s’attendait sûrement à faire couler beaucoup d’encre, dans ce pays où les inégalités sont généralement envisagées sur le plan ethnique et non économique.

Un gouvernement taxé d’être “communiste”

Et l’idée d’une possible redistribution des richesses n’a effectivement pas manqué de faire jaser. Certains des opposants politiques d’Anwar sont allés jusqu’à considérer ces propos comme “inspirés par le Manifeste du Parti communiste”, note le média indépendant Malaysiakini. Une référence peu souhaitable en Malaisie, où le seul fait d’arborer des symboles communistes peut être passible de sanctions.

Dans un édito, The Straits Times fait, lui, une comparaison plus flatteuse avec Robin des Bois, volant les riches pour donner aux pauvres. Mais pour ce média régional, les propositions d’Anwar sont plus populistes que décisives. Ce dernier a, certes, suivi son engagement à une meilleure redistribution des richesses par quelques propositions comme le fait de taxer davantage les produits de luxe et d’augmenter le niveau d’imposition des personnes gagnant plus de 21 000 euros. Mais, selon les calculs de l’éditorialiste, dans le système d’imposition actuel, seuls “1 % des contribuables verraient leurs impôts réellement augmenter.”

Lutter contre la fraude fiscale

Ainsi, pour ce média situé à Singapour, les mots d’Anwar sont plus à considérer comme une énième façon d’apparaître proche des plus précaires, après avoir, par exemple, refusé de percevoir un salaire de chef de gouvernement ou bien imposé une diminution de 20 % des rémunérations de tout son cabinet ministériel.

Toutefois, The Straits Times relève la mention par Anwar des “Pandora Papers” (les révélations faites en 2021 sur un certain nombre de personnalités identifiées comme s’adonnant à l’évasion fiscale) et sa volonté affichée de lutter contre les riches malaisiens pratiquant la fraude fiscale. Une piste peut-être plus prometteuse pour financer les projets d’aide aux plus précaires du gouvernement, se hasarde un universitaire cité par l’éditorialiste du journal.

World Opinions – Courrier international

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