Joshua Wong, l’une des figures les plus connues de la contestation à Hong Kong, et deux autres célèbres militants – Agnes Chow et Ivan Lam – ont été condamnés mercredi à des peines d’emprisonnement. Ils ont été sanctionnés pour leur rôle dans les manifestations de l’an passé.
Joshua Wong, 24 ans, a écopé de treize mois et demi de prison tandis que ses camarades Agnes Chow et Ivan Lam ont été respectivement condamnés à dix et sept mois de détention. « Les jours à venir seront difficiles, mais nous tiendrons bon », a crié Joshua Wong alors qu’il était conduit à l’extérieur de la salle.
The tenacity of HKers continues to give us strength in our sufferings. Please, take your positions, give support to each other” #Save12HKyouths pic.twitter.com/n5VX5FeBHG
— Joshua Wong 黃之鋒 😷 (@joshuawongcf) December 2, 2020
Lors du procès, le 23 novembre, Joshua Wong ainsi que les deux autres dissidents, tous deux âgés de 26 ans, avaient plaidé coupable des faits qui leur étaient reprochés.
Appel à manifester
« Les accusés ont appelé les manifestants à assiéger le quartier général [de la police de Hong Kong] et scandé des slogans hostiles à la police », a déclaré la magistrate Wong Sze-lai. « La détention immédiate est l’option la plus appropriée », a-t-elle affirmé.
Agnes Chow a éclaté en sanglots à l’énoncé de sa condamnation. En dépit de sa jeunesse, Joshua Wong, qui a commencé à militer à 13 ans, a déjà effectué des séjours derrière les barreaux.
« Ce n’est pas la fin du combat (…) Nous rejoignons maintenant la lutte en prison aux côtés de nombreux manifestants courageux, moins visibles mais essentiels dans le combat pour la démocratie et la liberté de HK », peut-on lire sur le compte Twitter de Joshua Wong, quelques minutes après l’annonce de sa condamnation et celle de deux autres figures du mouvement pro-démocratie.
#JoshuaWong 13.5m in jail – via lawyers, “it’s not the end of the fight. Ahead of us is another challenging battleground. We’re now joining the battle in prison along with many brave protestors, less visible yet essential in the fight for democracy and freedom for HK. pic.twitter.com/1ZGmfUDf7k
— Joshua Wong 黃之鋒 😷 (@joshuawongcf) December 2, 2020
Incarnant aux yeux de l’opinion internationale la résistance à Pékin dans l’ex-colonie britannique, il a été désigné comme l’une des personnes les plus influentes du monde par les magazines Time, Fortune et Foreign Policy.
Trois militants engagés très jeunes
Joshua Wong, Agnes Chow et Ivan Lam ont commencé à militer en faveur de la démocratie alors qu’ils étaient adolescents.
Sans aucun doute le plus connu des dissidents hongkongais de la nouvelle génération, Joshua Wong, 24 ans, est depuis une décennie la bête noire de Pékin.
C’est à 13 ans qu’il a commencé à militer et deux ans plus tard, en 2012, il avait remporté avec succès une campagne contre un projet pour imposer des cours de patriotisme chinois à l’école. Le gouvernement y avait renoncé après une manifestation de 120’000 personnes.
En 2014, aux côtés d’autres leaders étudiants, il avait joué un rôle majeur dans le « Mouvement des Parapluies », galvanisant la foule en appelant à la désobéissance civile pour exiger des réformes démocratiques mais Pékin n’avait fait aucune concession.
L’an dernier, quand l’immense mobilisation a débuté, il était en détention pour sa participation à de précédentes manifestations.
Lors des manifestations monstres de 2019 pour dénoncer l’influence grandissante de la Chine sur la région semi-autonome, il est allé à la rencontre de représentants politiques européens et américains, soutenant l’adoption de sanctions à l’encontre de Pékin.
Peu de temps avant l’entrée en vigueur en juin d’une loi draconienne sur la sécurité nationale, Demosisto, le parti politique prônant l’autodétermination hongkongaise qu’il a co-fondé, a été dissous.
Lutte pour l’auto-détermination
A 23 ans, Agnes Chow appartient à le même génération de militants pro-démocratie qui ont fait leurs armes en politique dès l’adolescence et que Pékin entend désormais réduire au silence.
Issue d’une famille catholique apolitique, elle a débuté en politique à l’âge de 15 ans en rejoignant le mouvement luttant contre l’introduction de cours de patriotisme chinois.
A l’image de Joshua Wong, elle est ensuite devenue une figure de proue du « Mouvement des parapluies » avant de participer à la fondation de Demosisto.
En 2018, elle a été la première à se voir interdire par l’exécutif hongkongais le droit de se présenter à des élections au motif que son parti prônait l' »auto-détermination ».
Depuis, l’exclusion de candidats en raison de leurs opinions est devenue monnaie courante.
Ivan Lam (à gauche) et Joshua Wong (à droite) sont escorté dans un véhicule carcéral avant d’apparaître devant une court de Hong Kong, le 2 décembre 2020. [Kin Cheung – Keystone/AP photo]
Son plus grand succès a été de réussir à attirer l’attention de la communauté internationale sur le mouvement pour la démocratie de Hong Kong, grâce notamment à sa maîtrise non seulement de l’anglais et du cantonais mais aussi du japonais.
Elle a réussi à créer un immense réseau social, notamment au Japon. Son compte Twitter, sur lequel elle publie principalement en japonais, est suivi par près d’un million d’abonnés.
Agnes Chow a été l’une des premières figures de l’opposition a être arrêtée au nom de loi sur la sécurité nationale pour « collusion avec des puissances étrangères ». Un fait passible de la prison à perpétuité.
Moins connu que ces camarades, Ivan Lam, 26 ans, n’est pas pour autant un novice en politique.
Fils d’un policier, il était dans le même établissement scolaire que Joshua Wong et était à ses côtés pour combattre une « éducation patriotique ».
Condamné à quatre reprises pour des manifestations ou des rassemblements pro-démocratie contre des propositions gouvernementales, il a contribué à la création de Demosisto dont il a été le président jusqu’à sa dissolution.
World Opinions News – agences