Un consortium de 600 journalistes dévoile, dans une publication explosive, que des dirigeants politiques ont dissimulé de l’argent sur des comptes off-shore.
Our most expansive exposé of financial secrecy yet is coming tomorrow at 12:30 p.m. EDT, 4:30 p.m. GMT.
— ICIJ (@ICIJorg) October 3, 2021
The #PandoraPapers is based on a leaked dataset of more than 11.9 million files covering every corner of the globe.
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a boîte de Pandore est ouverte. Dimanche 3 octobre, le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) révèle que de nombreux dirigeants internationaux ont dissimulé des milliards de dollars dans des comptes off-shore. L’enquête du consortium, intitulée Pandora Papers – une double référence à la fameuse boîte de Pandore et au précédent scandale des Panama Papers – a rassemblé plus de 600 journalistes, et se base sur l’étude de 11,9 millions de documents.
NEW: #PandoraPapers reveals the inner workings of a shadow economy that benefits the wealthy and well-connected at the expense of everyone else.
— ICIJ (@ICIJorg) October 3, 2021
Brought to you by ICIJ and 600+ journalists, the largest collaboration in journalism history. 🧵 https://t.co/qXMuUcqPc4
Le prestigieux cabinet d’avocats panaméen Alcogal est nommé dans ce scandale financier comme étant impliqué dans la création de sociétés off-shore pour dissimuler l’argent de plus de 160 politiciens et personnalités publiques dans des paradis fiscaux. Alcogal (Aleman, Cordero, Galindo & Lee) a été impliqué dans la création de ces sociétés off-shore pour plusieurs personnalités, dont le président du Monténégro Milo Djukanovic et trois anciens présidents du Panama. Le Premier ministre tchèque, le roi de Jordanie ou les présidents du Kenya et d’Équateur compteraient également parmi les clients du cabinet. Pour sa part, Alcogal rejette « ces spéculations, inexactitudes et mensonges », a fait savoir le cabinet dans un communiqué, assurant être prêt à travailler avec les autorités pour enquêter sur toute irrégularité.
336 dirigeants de premier plan
Au total, 29 000 sociétés off-shore sont exposées par les Pandora Papers. Et parmi les célèbres noms qui y auraient eu recours, on trouve de très hauts responsables politiques – à l’instar du roi de Jordanie, des présidents du Kenya et de l’Équateur ou du Premier ministre tchèque. Selon ces documents, le roi Abdallah II de Jordanie a ainsi créé au moins une trentaine de sociétés off-shore, c’est-à-dire dans des pays ou territoires à fiscalité avantageuse. Par le biais de ces entités, il a acheté 14 propriétés de luxe aux États-Unis et au Royaume-Uni, pour plus de 106 millions de dollars.
Quant au Premier ministre tchèque, Andrej Babis, il a placé 22 millions de dollars dans des sociétés-écrans qui ont servi à financer l’achat du château Bigaud, une grande propriété située à Mougins, dans le sud de la France. Le président équatorien, Guillermo Lasso, a lui logé des fonds dans deux trusts dont le siège se trouve aux États-Unis, dans le Dakota du Sud.
Dominique Strauss-Kahn et le Maroc
Au total, des liens ont été établis par l’ICIJ entre des actifs off-shore et 336 dirigeants et responsables politiques de premier plan, qui ont créé près de 1 000 sociétés, dont plus des deux tiers aux Îles Vierges britanniques. Parmi les personnalités exposées se trouvent également la chanteuse colombienne Shakira, le mannequin allemand Claudia Schiffer ou la légende indienne du cricket Sachin Tendulkar.
Apparaissent aussi les noms de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, qui a réalisé l’achat d’un bien immobilier à Londres par le biais d’une société à l’étranger, et de l’ancien ministre français Dominique Strauss-Kahn. L’ancien directeur général du Fonds monétaire international (FMI) a fait transiter plusieurs millions de dollars d’honoraires de conseil à des entreprises par une société marocaine exempte d’impôts, selon les documents examinés par l’ICIJ.
Un réseau de journalistes dans plus de 100 pays
Dans la plupart des pays, ces faits ne sont pas susceptibles de poursuites. Mais dans le cas des dirigeants, l’ICIJ met en parallèle le discours anticorruption tenu par certains d’entre eux avec leurs placements dans des paradis fiscaux. Le président kényan Uhuru Kenyatta a ainsi maintes fois affirmé sa détermination à lutter contre la corruption dans son pays et à obliger les officiels kényans à la transparence quant à leur patrimoine. Pourtant, selon le volet des Pandora Papers qui lui est consacré, le chef de l’État kényan possède une fondation au Panama, et plusieurs membres de sa famille directe possèdent plus de 30 millions de dollars logés dans des comptes off-shore.
Créé en 1997 par le Centre américain pour l’intégrité publique, l’ICIJ est devenu une entité indépendante en 2017. Son réseau compte des journalistes d’investigation dans plus de 100 pays et territoires, ainsi que quelque 100 médias partenaires. L’ICIJ s’est fait connaître, début avril 2016, avec la publication des Panama Papers, une enquête appuyée sur quelque 11,5 millions de documents provenant d’un cabinet d’avocats panaméen.
Après le scandale, l’heure des démissions
Ces documents détaillaient les avoirs cachés de milliers de clients de Mossack Fonseca, dont des personnalités de premier plan. L’onde de choc qu’a provoqué cette publication a notamment entraîné la démission du Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson et du chef du gouvernement du Pakistan, Nawaz Sharif.
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L’affaire a fait l’objet d’une adaptation cinématographique par le réalisateur Steven Soderbergh, The Laundromat : l’affaire des Panama Papers, pour la plateforme Netflix. En novembre 2017, l’ICIJ a publié les « Paradise Papers », basé sur une nouvelle série de documents dont une bonne partie émanait d’un autre cabinet spécialisé dans les montages financiers, Appleby. Parmi les grands noms dont cette enquête a mis en avant les manœuvres pour dissimuler des avoirs et échapper à la fiscalité, le prince Charles, le champion de Formule 1 Lewis Hamilton ou le groupe Nike.
World Opinions – Le Point