Livre. « Sang trouble », le nouveau polar de Robert Galbraith, alias J. K. Rowling

Robert Galbraith, deuxième nom de plume de la romancière J. K. Rowling, signe la cinquième enquête du détective Strike et de sa complice Ellacott. Rencontre avec Florianne Vidal, traductrice de la version française.

Son pseudonyme est peut-être le secret le moins bien gardé du monde littéraire: Robert Galbraith est la couverture (mais seulement en première de couverture) de la romancière britannique J. K. Rowling qui, après « Harry Potter », s’adonne au roman policier pour les adultes. Elle signe avec « Sang trouble », qui vient de paraître en français, la cinquième enquête du détective Cormoran Strike et de sa complice Robin Ellacott.

Une excellente série policière, déjà portée au petit écran, mais qui reste, malgré le nom de l’autrice, relativement confidentielle en francophonie. La preuve, sa traductrice française, Florianne Vidal, familière de la traduction d’intrigues policières, nous livre sa première interview médiatique.

C’est tellement minutieux que j’ai pris une carte de Londres, je suis allée sur le net pour m’y promener et je voyais exactement les endroits, les cabines téléphoniques telles qu’elles étaient décrites…

Florianne Vidal, traductrice du roman « Sang trouble » de Robert Galbraith

Elle évoque l’inaccessibilité de J. K. Rowling, l’art de la traduction, s’extasie de la qualité du livre, de la précision des descriptions de Londres et des Cornouailles par Robert Galbraith. Pour placer le décor du roman, l’auteur a quadrillé un quartier de la capitale anglaise. Florianne Vidal, Marseillaise d’adoption, a profité, elle, du « voyage immobile »:

« Il y a un plaisir qu’en tant que traductrice j’ai ressenti dans ‘Sang trouble’ à visiter ces endroits sans y avoir forcément mis les pieds. On se laisse transporter parce que sa description est assez géniale, il faut le dire! A un certain moment, il y a la reconstitution quarante ans plus tard par les détectives du trajet qu’a fait la victime; c’est tellement minutieux que j’ai pris une carte de Londres, je suis allée sur le net pour m’y promener et je voyais exactement les endroits, les cabines téléphoniques telles qu’elles étaient décrites… »

Coup de théâtre garanti

Les éditions Grasset avaient signé à prix d’or J. K. Rowling pour ses polars, mais Florianne Vidal nous explique que la relative mévente des aventures du détective Cormoran Strike – tout de même, les volumes précédents sont réédités en poche – pourrait être due à une trop grande qualité d’intrigue: plus de 900 pages pour cette dernière enquête sur une affaire classée.

Le lecteur se délectera d’abord de la vérité des personnages, ceux bien plantés désormais de l’agence Strike, et aussi les protagonistes et suspects du crime. L’énigme n’est pas pour autant accessoire, attendez-vous comme chez Agatha Christie à un coup de théâtre final, sinon à ce que le moins suspect des personnages soit le meurtrier…

Sixième volet annoncé pour cet été

Le sixième roman de la série est déjà annoncé pour cet été avec le titre anglais « The Ink Black Heart ». Un nouveau travail en perspective pour Florianne Vidal, pour qui rien n’a encore filtré. Elle aura peut-être entre ses mains, prérogative de la traduction française, le choix de faire se tutoyer enfin les héros. « Passer au tutoiement entre collègues, même s’ils s’entendent très bien, c’est toujours un événement. On ne peut pas y passer sans que quelque chose se soit produit dans le rapprochement des deux personnages. Et je ne peux pas inventer moi une scène où ils diraient « Ah, ben ça fait quatre ans qu’on se connaît, on pourrait se tutoyer! » Donc pour l’instant je suis obligée de continuer avec le « vous »! »

« Sang trouble », de Robert Galbraith, éditions Grasset (928 p.). Traduction Florianne Vidal.

Par David Meichtry/aq / RTS Culture

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