La campagne anticorruption initiée par Xi Jinping en 2013 a conduit à une amélioration significative des performances financières des entreprises publiques chinoises. C’est ce que montre l’étude de deux économistes, l’un sud-coréen, l’autre chinois, dont l’objectif n’est pas de valider ou non la politique de Xi Jinping..
La campagne anticorruption initiée par Xi Jinping en 2013 a conduit à une amélioration significative des performances financières des entreprises publiques chinoises. C’est ce que montre l’étude de deux économistes, l’un sud-coréen, l’autre chinois, dont l’objectif n’est pas de valider ou non la politique de Xi Jinping, mais de contribuer à l’analyse des relations entre corruption et développement dans le contexte de régimes autoritaires (« The Effect of the Xi Jinping Administration’s Anticorruption Campaign on the Performance of State-Owned Enterprises », Kwangho Jung et Long Piao, Asian Survey, septembre-octobre 2021).
Les deux premières phases de la réforme économique en Chine (entre 1978 et 2003) se sont traduites par une privatisation progressive, ce qui a conduit à une montée avérée de la corruption. En réaction, à partir de 2004, on observe une augmentation absolue et relative du nombre d’entreprises publiques. C’est parce que cette troisième phase n’a pas permis de réduire significativement la corruption qu’une campagne est menée à partir de 2013.Lire aussi Article réservé à nos abonnésChine : Xi Jinping, ou l’épuration permanente
Des recherches précédentes dans plusieurs pays asiatiques avaient mis en évidence une concomitance entre haut niveau de corruption et bonnes performances macroéconomiques, ce qui avait débouché sur la thèse d’un « paradoxe asiatique » : dans certains pays autoritaires, la croissance économique est possible malgré la présence de corruption ; au contraire, elle peut même être source… d’efficience.
Une nouvelle approche depuis 2013
Plutôt que de chercher à distinguer entre la corruption prédatrice et la corruption « efficace » pour expliquer ce paradoxe, Kwangho Jung et Long Piao ont étudié la relation entre corruption et performance au niveau microéconomique. Ils mobilisent une base de données d’environ 2 500 entreprises chinoises publiques et privées pour la période 2003-2017, ce qui leur permet de comparer les performances de ces deux catégories d’entreprise avant et après 2013.
Non seulement la performance financière des entreprises publiques s’est améliorée, mais elle est devenue en moyenne supérieure à celle des entreprises privées, sur lesquelles l’Etat a moins de contrôle.
Par Sébastien Lechevalier Directeur d’études à l’EHESS, est chercheur – Le Monde