Depuis le 24 février et le début de l’invasion russe, l’Ukraine fait fonctionner sa production comme une économie de guerre. Mais dans certains domaines, ce pays est un poids lourd économique mondial. En particulier dans la production agricole et dans les métaux. La guerre qui s’y joue affecte donc le monde entier.
L’Ukraine est avant tout un immense pays agricole. C’est le premier exportateur d’huile de tournesol, avec 42% des exportations mondiales, et le deuxième exportateur de colza derrière le Canada. Mais l’Ukraine est le sixième exportateur de céréales: le pays pèse à lui seul 8% des exportations mondiales de blé et 16% de celles de maïs.
L’invasion russe a donc des conséquences massives sur l’approvisionnement alimentaire. Et notamment en Égypte. Ce pays de 102 millions d’habitants est le principal importateur mondial de blé et dépend à 80% de la Russie et de l’Ukraine. Depuis le début du conflit, le prix du pain y a augmenté de près de 50%. Et malgré des réserves de blé et l’intervention du gouvernement égyptien pour fixer les prix du pain non-subventionné, certains dénoncent le comportement des vendeurs de farine, qui profitent de la situation pour provoquer une pénurie sur le marché.
Minerais et composantes électroniques
Par ailleurs, les sous-sols ukrainiens regorgent aussi d’importantes réserves de métaux. Avec 3% des exportations mondiales en 2020, le pays est le cinquième exportateur de minerai de fer, derrière le mastodonte australien (qui représente à lui seul plus de 55% de l’approvisionnement mondial), le Brésil, l’Afrique du Sud et le Canada.
L’Ukraine exporte également plus de 2,5% du fer et de l’acier mondial à elle seule. Et le pays est un gros producteur de métaux ou métalloïdes utilisés dans l’industrie, comme le titane et le lithium, deux des minerais les plus précieux actuellement, ou encore le gallium et le germanium, utilisés dans les composants optiques et les semi-conducteurs, un petit pourcentage au niveau mondial, mais non négligeable par rapport à la taille de l’économie du pays.
Le pays exporte aussi 50 à 70% des volumes mondiaux de néon purifié. Or, si ce marché ne pèse que quelques centaines de millions d’euros, ce gaz est indispensable à la fabrication des semi-conducteurs présents dans de nombreux appareils électroniques, comme les smartphones, les voitures ou les robots industriels. Au sud de l’Ukraine, la ville d’Odessa est notamment considérée comme la capitale de cet élément crucial.
Exportation de services informatiques
Enfin, au niveau européen, l’Ukraine n’exporte pas que des matières premières, mais également des services et des cerveaux. Grâce à la qualité de ses développeurs et développeuses, ce pays est usuellement le premier exportateur européen de services informatiques, et donc un important sous-traitant pour de nombreuses entreprises européennes. Banques, sociétés de services ou encore assurances, elles sont nombreuses à s’arracher le savoir-faire numérique ukrainien.
En Suisse, elles sont des dizaines, voire des centaines. À titre d’exemple, la banque en ligne Swissquote emploie environ 70 informaticiens et informaticiennes en Ukraine. Tout comme la plateforme d’investissement en cryptomonnaie lausannoise Swissborg.
Au total, 11’000 entreprises ukrainiennes proposent leurs services à l’international. Mais la guerre vient bousculer ce marché de la sous-traitance informatique, même si les entreprises contactées par la RTS ont déclaré qu’elles avaient su faire face à ce conflit sans trop de dommage dans leurs activités.
World Opinions – RTS Info