Donald Trump attaque régulièrement la gent féminine, que ce soit dans des Tweets ou dans ses discours. Des attaques qui ont réveillé une partie de la scène musicale nord-américaine endormie depuis les années Obama.
C’est historique. Le 21 janvier 2017, des millions de femmes marchent dans la capitale américaine et dans la plupart des Etats américains. Elles protestent notamment contre l’élection de Donald Trump, contre ses propos sexistes et ses positions contre l’avortement.
Un mouvement qui va prendre de l’ampleur au fur et mesure de son mandat.Une chanson va jouer un rôle primordial dans ces manifestations: « Tiny Hands », un titre enregistré pour l’occasion par la chanteuse Fiona Apple. Le morceau vise bien entendu Donald Trump et deviendra l’hymne de la marche des femmes. Aujourd’hui encore, ces paroles sont scandées en cœur par les manifestantes.
De la chanson au slogan
« Nous ne voulons pas de tes petites mains à proximité de nos sous-vêtements ». Le ton est donné. Le morceau, percutant et direct, ne dure qu’une minute et deux secondes. Il fait référence à une vidéo de 2005 dans laquelle Donald Trump fait des confidences sur la façon de prendre et embrasser les femmes sans leur consentement. Tous les codes sont réunis pour en faire un slogan. Nous sommes ici, dans l’essence même de la « protest song », selon Ron Eyerman, Professeur de sociologie à l’Université de Yale. »C’est tout à fait spécifique à Trump. On ne penserait pas forcément que l’expression ‘petites mains’ possède une signification symbolique. Mais avec sa façon de mettre en avant sa grandeur sur le plan sexuel, le fait de retourner la situation en faisant de ses petites mains un slogan contre lui était, je pense, extrêmement créatif et puissant. C’est devenu un symbole sexuel ou un symbole de genre et cela a permis aux gens de se mobiliser de façon très habile contre lui » explique le sociologue.
Un phénomène mondial
Le mouvement devient mondial et inspire de nombreuses artistes féminines, tout style musical confondu, de la pop au rap, en passant même pas la musique traditionnelle américaine, la country, une musique plutôt conservatrice. Après l’élection de Donald Trump, les très populaires Chicks, anciennement Dixie Chicks vont rapidement montrer leur désaccord avec le président américain. Les Texanes qui se lancent dans une tournée mondiale affichent un portrait géant de Donald Trump affublé de cornes de diable.
Un pari risqué, car les chanteuses vont se mettre à dos une partie de leur public resté solidaire au miliairdaire.Quant à Joan Baez, l’élection de Donald Trump l’a poussée à sortir du silence alors qu’elle n’avait pas écrit depuis 25 ans. A 76 ans la chanteuse et activiste sort le titre « Nasty Man » qui vise « le futur dictateur » Donald Trump et dénonce la construction de « son empire maléfique ».
A voir, le titre « Nasty Man » de Joan Baez:
La musique militante
Au Texas, il n’y a pas que les stars qui s’engagent. Une jeune artiste inconnue du grand public Lynzy Lab Stewart va accélérer l’émancipation de la parole féminine avec sa chanson « A Scary Time ». Tout en simplicité et en ironie, ce morceau, posté sur les réseaux sociaux va faire un buzz immédiat. 16 millions de vues en trois jours. Son intervention fera le tour du monde. Lynzy Lab Stewart devient une voix qui compte, la porte-parole d’une génération, invitée sur les plateaux télé. Elle sera même invitée à Lausanne donner une conférence TED-X.
A voir, Lynzy Lab interprété « A Scary Time »:
« Comme femmes, nous sommes conditionnées à croire que nos voix ne méritent pas d’être entendues, que nos idées et opinions ne comptent pas. En partageant mes idées délibérément et sans vergogne et en invitant d’autres femmes à faire de même, j’ai créé un appel à l’action au meilleur moment, juste avant les élections de mi-mandat » explique Lynzy Lab Stewart.Dans la rue, sur les réseaux sociaux, qu’elles soient connues ou inconnues les femmes ont défié Donald Trump durant tout son mandat. Force est de constater que la musique a joué un rôle essentiel dans la contestation féminine. Véritable caisse de résonance des engagements militants féministes de ces dernières années.
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