Le président tunisien Kaïs Saïed a décidé de prolonger lundi la suspension des travaux du Parlement, jusqu’à nouvel ordre, ont annoncé ses services, ajoutant qu’il avait aussi prolongé la levée de l’immunité des députés.
Le président Kaïs Saïed a décidé de prolonger « jusqu’à nouvel ordre » le gel du Parlement, dont les activités sont suspendues depuis le 25 juillet, a annoncé la présidence mardi. Le coup de force lui a permis de s’octroyer tous les pouvoirs.
Kaïs Saïed « a émis un décret présidentiel prolongeant les mesures d’exception concernant le gel des activités du Parlement ainsi que la levée de l’immunité de tous les députés et ce, jusqu’à nouvel ordre », a indiqué la présidence dans un bref communiqué. Le gel du Parlement était initialement prévu pour durer 30 jours.
Annonce prochaine
« Le président s’adressera dans les prochains jours au peuple tunisien », a ajouté la présidence, sans autre détail. Le 25 juillet, Kaïs Saïed a invoqué la constitution pour s’octroyer les pleins pouvoirs, limoger le chef de gouvernement et suspendre le Parlement durant 30 jours.
Cette décision a été dénoncée comme un « coup d’Etat » par des juristes ainsi que les adversaires de Kaïs Saïed, en particulier le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, principale force parlementaire de ce pays rongé par des mois de blocages politiques et une progression alarmante de l’épidémie de Covid-19.
Depuis son coup de force, le président n’a toujours pas nommé de nouveau gouvernement ni dévoilé sa « feuille de route », réclamée par plusieurs partis politiques et plusieurs acteurs majeurs dont la puissante Union générale du travail (UGTT).
Le président dit agir « dans le cadre de la loi »
Face aux accusations de coup d’Etat, Kaïs Saied répète agir strictement « dans le cadre de la loi » et de la Constitution, adoptée en 2014 dans le contexte post-révolutionnaire.
Nombre de Tunisiens et Tunisiennes ont en outre accueilli avec enthousiasme les mesures du président. Exaspérés par leur classe politique, ils attendent des actes forts contre la corruption et l’impunité dans un pays où la situation sociale, économique et sanitaire est très difficile.
Mais si le président bénéficie d’une forte popularité en Tunisie, il préoccupe la communauté internationale, qui craint que le berceau des printemps arabes ne régresse vers l’autoritarisme. La « purge » anticorruption enclenchée depuis le coup de force de juillet focalise les craintes d’un recul des libertés en Tunisie.
Des anciens responsables, hommes d’affaires, magistrats et députés sont visés par des arrestations, des interdictions de voyage et assignations à résidence, sur simple décision du ministère de l’Intérieur et sans justification, ont dénoncé des défenseurs de droits humains.
« La liberté de déplacement est un droit constitutionnel. Mais certaines personnes devront rendre des comptes à la justice avant de pouvoir voyager », a annoncé Kaïs Said. Il s’appuie sur l’article 80 de la Constitution qui envisage des mesures exceptionnelles en cas de « péril imminent » à la sécurité nationale.
World Opinions News / agences