Après trente ans de méfiance, le jeu de rôle se départit de son image « nerd » pour séduire de nouveaux joueurs, mais aussi les marques et même des médias.
« Une minute avant le direct ! » Le compte à rebours est lancé par le régisseur. La maquilleuse passe un dernier coup de poudre sur le visage des quatre candidats à la présidentielle réunis, le 23 mars, dans le studio 421 de la Maison de la radio. Visages fermés, Charles de Spie, Didier Vert, Véronique Solète et Marcel Courais révisent une dernière fois leurs fiches. Voyant rouge allumé, signe de la main du technicien en direction du studio. Le troisième épisode de « Game of rôles : les deux tours » commence. Au cours des trois heures de live Twitch, jusqu’à 8 298 viewers assistent simultanément à la joute. Plus de 66 600 le feront en replay dans les cinq jours qui suivent.
« C’est une émission de jeu de rôle avec des candidats fictifs de partis fictifs, mais dans un contexte réaliste », explique Fibre Tigre, créateur et animateur de la licence Game of rôles. Dès 2018, cette émission d’initiation lancée par la JVTV, la Web TV du site jeuxvideo.com, s’est trouvé un public fidèle et s’est déclinée sous différentes formes, dont ce programme récurrent organisé par Franceinfo et la société de production Gozulting.
Une création originale, qui est le signe le plus visible d’un certain regain de popularité dans les librairies spécialisées, sur les plates-formes de streaming, mais aussi dans les médias et auprès des marques du jeu de rôle, à mi-chemin entre le jeu de société et le théâtre d’improvisation. « Le jeu de rôle est fait pour Twitch : c’est un contenu du temps long, qui s’écoute autant qu’il se regarde et qui met en avant les individualités », analyse le journaliste politique Clément Viktorovitch, qui se prête au jeu de « Game of rôles : les deux tours » et héberge le programme, dont le prochain épisode sera diffusé le 13 avril, sur sa chaîne Twitch.
Par Jean-Baptiste Bonaventure – Le Monde