Deux élus du Parlement italien se sont adressés récemment au ministère de la Justice, au sujet de la gestion de l’enquête sur l’assassinat de Younes El Boussetaoui, l’été dernier. Au sein du parti de la Gauche italienne, le député Nicola Fratoianni a demandé «une inspection ministérielle pour vérifier la véracité des accusations» sur les failles au niveau du parquet de Pavie.
Le député Federico Fornaro également a exigé une commission d’enquête sur le traitement du dossier par le procureur de Pavie, qui n’a pas ordonné d’autres procédures à l’encontre du tireur, depuis la fin de son assignation à résidence.
Le mis en cause, ancien conseiller à la sécurité au sein de la mairie de Voghera pour la Ligue du nord, n’a plus été sujet de poursuites pour avoir tué le ressortissant marocain par balles, malgré la mobilisation de la famille de la victime. Selon Federico Fornaro, chef du groupe parlementaire «Libres et égaux» issu du parti social-démocrate Articolo 1, des «zones d’ombres» que devait éclairer le parquet n’ont pas bénéficié de l’attention du procureur. La ministre de la Justice, Marta Cartabia, a été interpellée à travers une question orale du député, qui a insisté pour «activer une inspection ministérielle dans les bureaux judiciaires de Pavie».
«Le conseiller municipal de la Ligue du Nord n’aurait pas rencontré la victime par hasard juste avant l’altercation. Il l’aurait suivie pendant plus de dix minutes. De nombreux doutes ont alors été soulevés sur la gestion de l’enquête par le procureur de Pavie, avec ce qui apparaît au moins comme une approche réductrice des faits», a déclaré Fornaro, cité par le média local La Provincia Pavese.
«Toujours selon ce qui a été rapporté par les médias, le procureur adjoint de Pavie, Mario Venditti, régent du procureur jusqu’à l’arrivée du nouveau chef, coordinateur des enquêtes, aurait participé à une rencontre le 1er octobre 2020, trois jours avant le second tour dans les municipalités, lors d’un meeting électoral de la Lega. Une rencontre pour le moins inappropriée», a poursuivi le député, suggérant un rapprochement entre le parti d’extrême droite et des membres du ministère public au niveau local, «sans parler du rejet de l’hypothèse d’homicide volontaire au-delà de la légitime défense (…) jamais contestée par les enquêteurs». Pour toutes ces raisons, le député a estimé que «l’enquête contient trop de failles et trop d’omissions».
En octobre dernier et dans un revirement inexpliqué, le juge d’instruction au tribunal de Pavie a «pris acte de l’inefficacité» du maintien du mis en cause en rétention. Pourtant, il a opté précédemment pour cette mesure, considérant le rôle politique du tireur, qualifié de «socialement dangereux» par la justice.
World Opinions / yabiladi.com