Tribune. La fulgurante galopée de l’extrême droite l’amène aujourd’hui aux portes de la présidence de la République. En Europe, les dynamiques d’autoritarisme, parentes de l’extrémisme, s’affirment dans un contexte où les instances de médiation (partis politiques, syndicats, médias…) ou de protection des droits fondamentaux (justice, séparation des pouvoirs, droits humains) sont de plus en plus empêchées, récusées ou simplement invalidées.
Les déviances néolibérales ont conduit à de profondes et diverses régressions, la pauvreté, la misère, les précarités devenues structurelles, qui portent atteinte aux valeurs démocratiques et républicaines – et nourrissent le pire. L’extrême droite ne constitue pas une opinion politique ni même une quelconque vision alternative du monde. C’est, avant tout, l’involution totale. La négation des bases élémentaires d’un digne vivre-ensemble.
Nous, Martiniquais, avons connu cela durant les périodes sombres de la colonisation et de son corollaire esclavagiste. Le racisme, la xénophobie, la haine de l’autre, le refus de la différence, la destruction méthodique des droits élémentaires des peuples et de la personne humaine se sont retrouvés institutionnalisés, portés à un degré inouï, exercés en toute impunité en dehors de l’Europe, avant de revenir sur le continent par l’abomination nazie.
Marine Le Pen avance voilée pour édulcorer son idéologie
Ce n’est pas un hasard si les têtes hurlantes de l’extrême droite française d’aujourd’hui considèrent les « chocs de civilisations », les ostracismes culturels, linguistiques, phénotypiques et religieux, l’identitarisme et le nationalisme expansionniste comme des principes de bon gouvernement. C’est à cela qu’à la moindre défaillance nous laisserions la porte ouverte !
Ni les difficultés sociales réelles, ni l’incurie écologique, ni les injustices patentes qui souvent nous emportent dans de saines colères ne sauraient ériger cette glaciale perspective comme un outil de protestation. Marine Le Pen avance voilée pour édulcorer ce qui constitue les fondements idéologiques sur lesquels prospère sa famille depuis des décennies : racisme, haine des étrangers, antisémitisme, sortie de l’Europe et fin du régime parlementaire par le recours au référendum permanent.
Serge Letchimy, président du conseil exécutif de Martinique et président du Parti progressiste martiniquais, s’associe, dans une tribune au « Monde », au front humaniste qui fera barrage à Marine Le Pen. Mais ce n’est pas un blanc-seing offert à Emmanuel Macron. Il demande qu’une vaste politique en faveur de l’outre-mer soit engagée.. Via Le Monde