Les pays et les activistes participant en Égypte à la 27ème Conférence annuelle des Nations Unies sur les changements climatiques (COP27), qui s’ouvrira le 6 novembre 2022, devraient décider d’une action climatique ambitieuse et fondée sur le respect des droits humains, nécessaire pour maintenir l’accroissement moyen de la température de la planète à 1,5 degré centigrade, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.
L’Égypte accueillera cette conférence COP27 après des années d’une politique de restriction accrue des droits humains et d’entrave au travail des organisations de défense de l’environnement dans le pays, représentant l’une des plus sévères répressions gouvernementales depuis des décennies. Il en est résulté un espace restreint pour toute organisation ou assemblée indépendante. Ces restrictions ont réduit la capacité des organisations de défense de l’environnement à accomplir de manière indépendante un travail politique, de plaidoyer et de terrain essentiel à la protection de l’environnement naturel du pays.
« Dans les jours à venir, les pays devraient honorer leurs promesses de longue date d’empêcher les impacts les plus dévastateurs des changements climatiques », a déclaré Richard Pearshouse, directeur de la division Environnement et droits humains à Human Rights Watch. « En même temps, ces pays devraient réaffirmer au gouvernement égyptien et aux autres administrations autoritaires qu’un activisme indépendant pour l’environnement est indispensable pour l’adoption des politiques climatiques robustes dont le monde a besoin de toute urgence. »
Les gouvernements ont l’obligation, fondée sur le droit international des droits humains, d’aborder le problème des changements climatiques, y compris en réduisant rapidement les émissions de gaz à effet de serre et en aidant les populations à s’adapter aux effets de la crise climatique, a déclaré Human Rights Watch. Lors de la COP de cette année, les gouvernements devraient adopter la recommandation particulière d’éliminer rapidement toute utilisation et production de combustibles fossiles.
Il existe un consensus croissant, notamment au sein de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), selon lequel pour que les gouvernements atteignent les objectifs qu’ils se sont fixés en matière de lutte contre les changements climatiques à l’échelle mondiale, il ne peut plus y avoir de nouveaux développements des activités du pétrole, du gaz ou du charbon. Les gouvernements participant à la COP27 devraient s’engager à n’autoriser aucun nouveau projet relatif aux combustibles fossiles. En outre, ils devraient mettre fin à toutes les formes de soutien, y compris aux subventions et aux financements internationaux, pour les projets relatifs au pétrole, au gaz et au charbon, afin de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre et de limiter les impacts en matière de droits humains des combustibles fossiles et des changements climatiques.
Une action climatique robuste et respectueuse des droits exige une participation pleine et entière de la société civile. Mais les organisations internationales et égyptiennes de la société civile craignent que les sévères restrictions imposées ces dernières années par les autorités égyptiennes n’entravent la participation de journalistes, d’activistes, de défenseurs des droits humains et de la société civile aux négociations de la COP. Cela inclut les personnes qui sont en première ligne dans la lutte contre la crise climatique et les populations les plus exposées aux risques de dommages du fait des changements climatiques, notamment les populations autochtones, les personnes handicapées, les personnes âgées, les enfants et les jeunes, les femmes, les personnes LGBT, les minorités et les personnes vivant dans la pauvreté.
Des médias locaux égyptiens ont affirmé le 29 octobre que, les jours précédents, les autorités égyptiennes avaient arrêté des dizaines de personnes pour avoir appelé à des manifestations anti-gouvernementales le 11 novembre, pendant la conférence.
« Avant même l’arrivée des délégations en Égypte, les autorités ont déjà montré leur vrai visage en réprimant tout citoyen égyptien osant attirer l’attention sur la situation déplorable des droits humains dans le pays », a affirmé Richard Pearshouse. « Les gouvernements participant à la COP27 ont la responsabilité de révéler la rhétorique de l’Égypte sur la tolérance et l’ouverture comme ce qu’elle est réellement, c’est-à-dire une coquille vide et sans substance, et d’exhorter les autorités égyptiennes à mettre fin aux restrictions des droits humains. »
World Opinions – Human Rights Watch